CHAPITRE 5
Au-dessus des étangs, au-dessus des
vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meux avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Charles Beaudelaire
"Les fleurs du mal"
VOYAGER
L'unité extra-énergétique s'est d'elle même remise
en fonction. Une myriade de voyants clignotent inlassablement, signalant de part et
d'autre diverses pannes.
J'ai l'impression qu'un torrent de feu traverse mon cerveau. Mon corps n'est que douleur
et mon bras est à vif. Je réalise avec grande peine que nous avons réussi où d'autres
sont morts ou portés disparus. Je regarde autour de moi et m'assure que l'incendie, qui
s'est déclaré dans la salle de contrôle, est en passe d'être maîtrisé par les
extincteurs automatiques. Par réflexe, je donne un grand coup sur le bouton-pressoir de
sécurité... confirmant ainsi le verrouillage de toutes les cloisons étanches, la mise
en route des systèmes coupe-circuits et le dispositif de colmatage automatique de la
coque pour parer à toute fuite excessive d'oxygène. Le hurlement strident des sirènes
retentit dans les allées enfumées du cosmonef, couvrant ainsi la clameur des
avertisseurs d'alerte.
Tant bien que mal, je m'extirpe de mon fauteuil afin de contacter les autres... s'ils ont
réussi; pas de réponse. Sur les écrans internes je découvre l'ampleur des ravages.
J'ai perdu la moitié de mes hommes. L'un a été broyé par une cloison étanche quant au
second, enfin ce qu'il en reste flotte à gravité zéro dans la chambre des réacteurs.
La presque totalité des déflecteurs ont tenu sous l'effroyable pression rencontrée aux
abords du collapsar, faisant disjoncter la plupart des réseaux énergétiques. Avant de
quitter le centre de transmissions, je jette un coup d'oeil sur la carte
quadrimensionnelle qui nous situe dans les faubourgs de notre galaxie, sur l'un de ses
bras externes.
Un râle me parvient de l'arrière de la console de
navigation... mon second gît face contre terre. Chancelant encore sous le choc, je le
tire par les pieds car je ne peux pas accéder directement à sa position. Il a le visage
ensanglanté et son bras droit marque un angle anormal.
- Ne vous en faites pas mon vieux! Nous sommes sains et saufs... Je vais vous dégager et
vous soigner. Gardez votre calme! Vous allez vous en sortir
Je lui injecte sur-le-champ un antalgésique. Je farfouille dans sa trousse d'urgence
personnelle et en retire le cautérisateur que j'applique sur son front. La douleur semble
se calmer; je vais pouvoir le transporter jusqu'à l'unité médicale. Je le place sur mes
épaules et traverse la passerelle. Au niveau intermédiaire, les dommages sont moindres.
Seuls les blocs de POLYCHIR et SCAN sont opérationnels de suite; le programme du DIR.DOC
en a pris un méchant coup! J'allonge délicatement le lieutenant Verrat dans le caisson
régénérateur et rabaisse le couvercle transparent. Les fonctions vitales apparaissent
aussitôt sur le vidéo de contrôle.
Je pianote sur le clavier du scanner médical, ordonnant à la machine de soigner les
traumatismes subis lors de l'explosion. Le bourdonnement des instruments résonne
lugubrement dans la pièce dévastée, et dans la lumière blafarde de l'éclairage de
secours, je quitte les lieux pour remonter sur le pont supérieur. Je fais un crochet par
le mess et en profite pour me désaltérer. Je me rafraîchis le visage tout en appliquant
une crème cicatrisante sur mes plaies... Quelle chance j'ai eu! Tellement incroyable que
j'ai de la peine à y croire moi-même... pff...
D'autres en ont moins eu... La fin dramatique de Daniel Capet et Michel Cehrillac me
chagrine profondément. C'étaient des soldats dévoués et compétents... Pas d'anicroche
dans leur carrière respective. Bref, une besogne macabre m'attend: ramasser le reste des
corps et les installer dans des bacs d'hypercongélation pour la remise à la famille en
vue des obsèques officielles rendues par la FedGal. J'ai la vue qui se brouille... Putain
de métier!
J'ai les mains moites! Je sais très bien que cela
peut paraître drôle, mais dans la situation actuelle ça l'est moins! Engouffré sous le
pupitre de contrôle de la console de navigation, j'ai la sueur qui coule le long de mes
bras tendu vers le haut. La lumière crue, émise par la soudure de mon laser, m'irrite
les yeux. Je me suis enfilé une overdose de vitamax afin de tenir le coup... La mise sous
cryogénisation de mes hommes m'a vidé et il y a bien quarante-deux heures que je
travaille non-stop. Le programme du DIR.DOC s'étant achevé, j'ai transporté mon second
dans sa cabine pour qu'il récupère un peu, il me rejoindra dès que possible. Pff... je
suis à bout! Mon laser-à-souder glisse de mes mains fatiguées et je me brûle le bout
des doigts à chaque fois. Par intermittence, je lance un appel en direction de
l'Eridan... sans réponse!
Voilà! Je viens de terminer un couplage de transport d'énergie lorsque le beuglement
d'un klaxon d'alerte se met à retentir sur la passerelle. Prestement, je m'extrais de mon
antre et bondit vers le centre de transmissions. Là, dans une énorme gerbe
d'étincelles, la carte quadrimensionnelle crépite, clignote à plusieurs reprises et
s'éteint. Fini! Ce précieux support d'informations est devenu muet.
- Par l'espace...
Je fulmine contre cette perte, d'un coup de pied rageur je ramasse l'unité de
télécommande et l'expédie au fond de la pièce. Tous les mots orduriers en vigueurs
dans les moindres recoins de la galaxie sont éructés par le truchement de mes cordes
vocales, apaisant momentanément mon agressivité. Sur la cloison murale, je déconnecte
le système d'alimentation pour éviter toute propagation du court-circuit dans les
boucles inductives de transport ... les lumières du vaisseau oscillent puis se
stabilisent.
Armé de ma boîte-à-outils, je chemine le long des galeries techniques. Au plafond, un
gyrophare jaune est enclenché, signalant un couplage défectueux. Je l'arrête et plonge
mes mains dans une torche de câbles calcinés... Mince! Il s'agit du réseau en
hyperfréquences externe qui a foiré... Je fouine dans ma caisse à la recherche d'un
temporisateur thermique et d'un coupleur acoustique... Ok! Le circuit audio est rétabli
à puissance réduite, quant au vidéo... je m'en passerais. J'ai bien peur qu'une liaison
avec Lotan s'avère impossible dans l'état actuel. La sueur coule abondamment dans mon
dos, imprégnant ma tenue de vol. Je suis exténué, à bout de force... Je ferme le
clapet d'accès du réseau vidéo et poursuit mon chemin. Une fumée âcre stagne dans les
couloirs du pont inférieur... la ventilation ne fonctionne plus! Au pas de course je
traverse le vaisseau en direction de la soute, puis remonte vers la salle de commande.
Là, le grésillement caractéristique d'un arc électrique se fait ouïr au travers du
cloisonnement... les extincteurs n'ont pas rempli leur fonction! Je déverrouille le
système manuel du panneau supérieur et presse le bouton adéquat... rien ne se passe. La
tôle est chauffée au rouge et l'atmosphère devient suffocante. De rage, j'assène un
grand coup sur le tableau de commande et, ô miracle, la mousse se déverse goulûment sur
la source de chaleur. Les indicateurs de température cessent de clignoter et la
ventilation se remet aussitôt en route... ouf!
- J'en ai marre... marre! Ras-le-bol!
Je parle tout haut avec moi-même. Je réintègre le poste de pilotage où la majeure
partie des témoins lumineux ont cessé de s'exciter. Je vais enfin pouvoir prendre un
repos bien mérité. Je m'affale dans mon siège, clique ma ceinture et sombre dans les
ténèbres.
Je me réveille en sursaut car on me secoue par
l'épaule
- Bonjour Major... me lance le lieutenant Verrat, sourire aux lèvres. Merci pour tout ce
que vous avez fait!
- C'est la moindre des choses... Je suis content que vous soyez sur pied.
Je m'étire doucement, faisant craquer mes articulations. Zéro pour le confort! Je suis
fourbu de fatigue et j'ai la bouche pâteuse... J'ai l'impression d'avoir pris une cuite
monumentale et pour cause: une ingestion à trop forte dose de vitamax nui à l'équilibre
physiologique.
- Je... J'ai appris pour Cehrillac et Capet... Je suis désolé Commandant!
- Merci! Ce sont les aléas de la vie, les risques du métier. Ils étaient vos amis dans
la vie et camarades au combat... je suis de tout coeur avec vous Verrat! Bon, pour le
moment présent je veux que vous fassiez le point dans notre coquille: scanner,
nanordinateur et notre position actuelle!
J'observe mon second qui s'éloigne vers le fond du poste et qui franchi le sas menant à
la salle de commande.
- Lieutenant!
- Oui Major?
- C'étaient des chics types et j'ai de la peine pour vous mais nous devons poursuivre
coûte que coûte.
- Merci Major.
Je me réinstalle au pupitre de mon scanner tout en analysant les colonnes de chiffres
défilant sous mes yeux. Je pianote l'indicatif du capitaine Tisons.
- Eridan ici Milkyway... à vous Eridan!
Toujours rien. Pourtant je perçois leur écho sur le radar. Leur vaisseau doit être
salement touché et j'envisage le pire.
- crrkyway de Ericrr... pondez!
Ils sont saufs! Je couple ma parabole radio-astronomique aux antennes directionnelles et
parviens à avoir une liaison en phonie.
- Content de t'entendre Michel! Cela fait une éternité que j'essaie de te contacter...
nous étions en soucis! Nous sommes trois rescapés, l'astro Elio Contis, Charles et
moi-même. Mes structures externes sont à trente pour cent endommagées. Seul l'accès à
la chambre de propulsion est en ordre. Les autres salles sont en environnement zéro; et
pour ta part qu'en est-il?
- Il ne me reste plus que mon officier de pont. Selon les résultats des premières
investigations qui me parviennent à l'instant, nous ne sommes qu'à quelques
heures-lumière du plus proche système solaire. Soleil de type G2 avec un cortège de
neuf planètes et... merci bien lieutenant! Ah, voici le topo du Milkyway: translateur
hors service, propulseur photonique principal en ordre ainsi que le scanner... un tiers du
nanordinateur est opérationnel sur la champ, seul un dixième de l'enveloppe de
l'astronef a souffert. Cependant, il aurait besoin d'aller en cale sèche et en
atmosphère positive. Ah! Pendant que j'y pense, une balise de détresse a automatiquement
été éjectée lors de notre résurgence dans le continuum normal. C'est tout ce dont je
possède.
- Bien reçu Michel! Quant au système planétaire en question, sous quelle domination
est-il?
- Apparemment aucune. Ce segment de la galaxie étant zone protégée officiellement...
nous sommes dans les Marches ne l'oublie pas! Je présume que des mineurs-pirates ont dû
prospecter dans ce secteur. Je te propose d'ailleurs de nous y rendre... Nous aviserons
par la suite. La garnison la plus proche, Qutiri/Gamma 1&2 de la constellation de la
Flèche, n'est distante "que" de trente-sept années-lumière! Une bagatelle en
temps normal mais dans les conditions présentes, impossible à rallier et contacter.
- C'est en ordre. Charles est en train de radiogoniométrer dans cette direction. Pour ce
qui est du reste, mon photopropulseur tribord est en fonction et le translateur est
opérationnel. Mon scanner est ok mais je pilote en manuel vu que la carte NAVCOM du
nanordinateur a grillé.
- J'ai compris le message. Le Milkyway va vous rejoindre d'ici une petite heure. Nous
naviguerons côte à côte. Nous nous concerterons lorsque la première planète sera en
vue. Terminé!
Le silence se fait et pèse lourdement. Le temps s'écoule inlassablement et je me
remémore notre mission... remise en question jusqu'à nouvel ordre. Les secours
viendront-ils? La balise transmet à intervalles réguliers notre location
quadrimensionnelle mais je n'ai pas assez de puissance dans mes émetteurs pour avertir le
vieux Pop's. A Lotan, ils doivent tous supposer que nous sommes morts dans l'annihilation
de la station Antinéat. Notre objectif présent est de découvrir une planète
suffisamment pourvue en oxygène afin d'y placer les croiseurs en cale sèche et de tenter
de les remettre en état. Comme Charles, j'ai enclenché mon scanner sur "balayage
haute-fréquences" mais je n'obtiens qu'une sacrée friture de part la présence de
deux géantes gazeuses dont l'une possède une magnifique tache rouge et l'autre plusieurs
anneaux.
Un bip sonore attire mon attention; sur l'écran de
mon scanner, un curseur vient de se positionner sous un écho pénétrant notre sphère de
détection. De prime abord il ne s'agit pas d'un bloc erratique mais d'un corps suivant
une trajectoire bien définie. Les premières analyses spectrographiques, fournies par le
nanordinateur, laissent apparaître trois générateurs radio-isotopiques au plutonium
238. De plus, un objet en forme de parabole d'environ quatre mètres de diamètre semble
coiffer le tout. Je pousse d'un cran la puissance de mes propulseurs et dégage de
l'Eridan.
- Eridan de Milkyway , je pars en reconnaissance. Une cible vient de s'infiltrer dans ma
zone de sécurité... L'objectif est à quelques secondes-lumière et file à moins de
100'000 kilomètres à l'heure. Aucun signe de vie n'a été détecté.
- J'ai bien reçu Milkyway, je reste à l'écoute.
Au fur et à mesure que je me rapproche, les contours de l'engin se dessinent plus
précisément. La liaison avec l'ordinateur central de Lotan étant interrompue, je ne
peux comparer l'image tridi. Il me semble bien avoir pris connaissance d'une note de
service confidentielle concernant une sonde automatique, d'origine extra-fédérée,
découverte à quelques parsecs de Gamma 1&2 de la constellation de la Flèche. La
parabole a dû être percutée par un météorite qui l'a transpercée de part en part. Un
bras supportant des appareils munis d'oculaires a subi quelques avaries. Arrivé à son
zénith, je me cale sur sa vitesse et ouvre les panneaux de ma soute, dans le but de
l'absorber. Automatiquement, un champ de force inhibe l'énergie cinétique résultante de
sa course à travers le vide interstellaire.
Progressivement, je rétablis l'atmosphère positive de même que la gravité. Le voyant
de surveillance du sas d'accès passe au vert, indiquant par ce fait que la stérilisation
de l'objet a été effectuée.
- De Milkyway à l'Eridan, je confirme le séquestre de l'engin dans les cales du
Milkyway. Pas de trace de vie.
- Bien reçu Michel, as-tu trouvé des indices quant à l'origine?
- Négatif... Je n'ai pas encore eu loisir de l'examiner. Je m'y rend à l'instant.
La communication avec l'Eridan est coupée, me laissant dans l'expectative. Ce n'est pas
ma première expérience dans le domaine de la découverte d'objets extra-galactiques,
mais à chaque fois, une certaine appréhension me noue l'estomac.
Les portes du sas s'effacent sur mon passage... Me
voici face à l'inconnu. Les huit cent vingt-cinq kilos de l'engin repose sur une sorte de
trépied en tube, surmonté d'un boîtier prolongé d'un bras au bout duquel est fixé la
centrale énergétique. La parabole chapeaute le tout. A la base de cette dernière, un
mât, placé à l'opposé des trois générateurs , supporte plusieurs caméras
endommagées. Sur l'une des faces du boîtier est apposée une jaquette de cuivre
contenant un disque-message.
Par vidéotransmission interne, mon officier en second suit chacun de mes faits et gestes
depuis le poste de navigation. S'il devait m'arriver malheur, l'enregistrement lui
permettrait d'éviter de réitérer mes erreurs. Dans un bruit sourd, les parois blindées
viennent de se refermer; mon spatiandre me gêne légèrement. Un gyrophare rouge indique
que nous sommes à nouveau en atmosphère zéro.
Précautionneusement, je fais le tour de cette machine puis entame le désamorçage des
générateurs. L'émission de radio-activité est faible. Je fouille dans mes poches à la
recherche des clefs magnétiques du coffret à outillage... Ah! les voilà. Le boîtier
s'ouvre et sur l'écran du scanner que j'enclenche, j'aperçois le spectre d'un faible
signal radio... une sonde! Primitive, mais c'est bien une sonde!
- Lieutenant! Transmettez à l'Eridan que ce tas de ferraille est une sonde d'origine
extra-fédérée... Qu'il ouvre l'oeil, la technique spatiale est peu évoluée mais elle
est présente, donc le danger existe.
- A vos ordres Major, je transmets.
Fort de ma découverte, je renonce momentanément à déconnecter l'alimentation. A l'aide
d'un découpeur, je retire délicatement le disque de cuivre plaqué or munis d'un
archaïque système de lecture et dépose le tout dans le tiroir d'analyse de mon scanner
mobile; je l'étudierais plus tard, au chaud et sans spatiandre. Sur la vidéo de
contrôle, des pics de brouillage apparaissent, typiques d'une perturbation crée par un
ordinateur... Je jubile! Qui dit ordinateur, dit informations à glaner! Je place une
ventouse de détection sur la source parasite dans le but de "pomper" toutes les
informations contenues dans les circuits intégrés de la sonde.
Assis autour de la table du mess de l'Eridan, Bob et
Charles scrutent minutieusement le disque de cuivre plaqué or avec sa tête de lecture et
un saphir.
- Tu as une idée Michel? émet le capitaine Fallow.
- Bof... Il n'y a pas de doute possible: c'est un disque-message. Reste à savoir comment
le faire fonctionner...
- Bande de gamins! éructe soudainement Charles. Je vais vous dire moi! Alors que j'étais
tout môme, mes parents m'ont emmené dans une vieille bâtisse transformée en musée par
le gouvernement local... Imaginez un peu le petit Charles perdu dans les méandres de
cette baraque poussiéreuse, livré à lui-même. L'horreur...
- Et alors?
- J'y arrive, patience! Je place le décors. Dans un recoin j'ai repéré un engin bizarre
muni d'un grand pavillon au bout duquel se trouvait un dispositif similaire à celui-ci.
- Bravo! Tu es doté d'une bonne mémoire...
- Je n'ai pas fini. Si vous me laissez un peu de temps, je peux vous bricoler un
capteur-amplificateur pour ce disque... Disons trois heures, le temps nécessaire pour
réunir tous les éléments. Je laisse branché l'intercom et je descend à la soute.
Ciao!
- Ok salut Charles!
- Quels sont les autres informations livrées par cette sonde? questionne Bob.
- Pas grand chose, l'ordinateur est des plus simplistes. Quant à l'appareillage il ne
vaut plus grand chose: photopolarimètre, détecteur infrarouge, interféromètre,
spectromètre et radiomètre à infrarouge, détecteur de particules de basse énergie...
l'équipement de base pour une sonde spatiale automatique. Les caméras sont entièrement
hors-d'usages...
Subitement, tout le navire semble osciller sur lui-même, nous secouant sur nos sièges.
- Par l'espace! Navigation au rapport! l'ordre du patron de l'Eridan fuse dans l'intercom.
- Micro-avarie dans les stabilisateurs, Capitaine. Nous avons également essuyé un remous
gravifique. Mais tout est rentré dans l'ordre.
- Compris, terminé!
De l'index, l'intéressé rompt la communication avec son subalterne et se retourne vers
moi.
- Ca va Michel?
- Extra!
- Bien! Je monte sur le pont me rendre compte des dommages; tu m'accompagnes?
- Négatif! Je rejoins Charles dans le trou. A tout-de-suite, salut!
- Hé! Hé! Hé! Elle bonne celle-là... je n'ai rien
compris à leurs langages, mais je suis quand même fière de mon montage.
- Tu as soulevé un problème des plus délicats Charles. Il nous faut injecter ces
données dans le circuit de traduction du nanordinateur.
- Moi j'ai bien aimé le cri du nouveau-né et le fracas du tonnerre, articule Bob. En
revanche, il y a certains sons pff...
- Pour ma part Messieurs, déclarai-je à mes coéquipiers, je vais réintégrer le
Milkyway. Je vous abandonne le matériel sonore afin que vous puissiez le travailler au
mieux. Encore mes félicitations Charles pour ton ingéniosité.
Après une rapide poignée de mains, j'endosse ma combinaison spatiale et me dirige vers
le sas ventral. Sur les murs de la soute, les écrans reflètent la vie intérieure du
navire. D'un petit signe de la main je salue l'astro Contis qui m'enclenche l'ouverture
des battants. Dans les profondeurs de l'espace, une étoile brille plus intensément; elle
est suivie de son cortège de planètes dont la troisième est le but de notre présente
escale. Le Milkyway flotte au large dans le silence absolu du vide spatial. Seul l'écho
de ma respiration parvient à mes oreilles; je détourne le regard pour contrôler le
voyant du traceur... Parfait!
D'étranges légendes courent dans le milieu des astropilotes: monstres vivants se
nourrissant du métal des astronefs, curieuses lueurs vivantes tels des feux follets, voix
féminines incompréhensibles et irrésistibles, projections d'hologrammes, etc. La liste
est longue mais je n'ai jamais eu l'avantage d'en faire les frais. Pour ma part,
j'apprécie à leur juste valeur les sorties dans l'espace, me permettant ainsi de
retrouver mes marques, de me décontracter ou de réfléchir à un problème spécifique
sans être dérangé à tout bout de champ. Me voilà arrivé à destination. Je tapote
sur mon avant-bras et le sas latéral s'écarte.
- Bienvenue à bord Major!
- Merci Lieutenant. Quelles sont les nouvelles? Au fait, avez-vous encaissé la vague
gravifique de tout-à-l'heure?
- Affirmatif... Je me suis borné à enregistrer la perturbation. Le commandant Fallow a
introduit les premières informations relatives à ce système solaire... Désirez-vous
les lires?
- Plus tard merci. Allez prendre votre pause et dormir un peu; vous l'avez bien méritée.
Me revoilà seul dans ce poste de pilotage. Je parcours les notes relatives à cette sonde
qui s'appelle... Voyager. Bonne nouvelle! Mais Voyager, tu ne nous as pas livré tous tes
secrets; Sol3 se nomme la Terre... curieux nom. Morphologie des habitants similaires à la
nôtre donc atmosphère positive! Je me délecte en lisant ses données, j'exulte...
fantastique! Dans quinze heures nous allons aborder la première planète externe, qui
s'avère être une planète double! Les pieds sur la console, je laisse mon esprit errer.
En me penchant un peu, je dépose le notepad dans un casier et croise les bras derrière
la tête; je me relaxe la moindre. De toute façon je ne peux pas aller plus vite. J'avale
un comprimé de vitamax car je ne veux pas m'endormir pendant mon quart. Un peu de musique
me ferait plaisir, j'enclenche mon lecteur et me laisse bercer. J'aviserais à proximité
de Pluton-Charon... Ciao tout le monde!
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