CHAPITRE 11

 

Il y a toujours un moment où la curiosité devient un péché,
et le diable s'est toujours mis du côté des savants.

 

Anatole France

 

 

TERRIENNE

 

Le grincement de la porte de la grange me fait me retourner, quittant momentanément du regard la console du translateur. Elle est là devant moi, taille moyenne, de longs cheveux ondulés châtains foncés et de beaux yeux verts. C'est le coup-de-foudre! Je suis cloué au sol... le seul problème réside dans l'arme de poing qu'elle tient fermement dans sa main droite, dirigée sur ma personne.
- On se fixe! Police!
La tuile... jusqu'à lors tout c'était déroulé sans trop d'anicroches; les autorités locales n'ayant pas approfondi le mystère du crash de nos vaisseaux. Néanmoins, je préfère nettement cette magnifique vision de flic en jupon que mon chef en grande tenue.
- Ecoutez mademoiselle...
- Face au mur, jambes écartées!
Le tout accompagné d'un geste très explicite de son pistolet. Je m'exécute en renâclant.
- ... laissez-moi tout de même vous justifier de ma présence en ces lieux...
- Vous ne parlerez que lorsque je vous poserais des questions!
Une fouille sommaire, dite de sécurité, est effectuée sur ma personne de manière très professionnelle. Je la sens parfaitement maîtresse d'elle-même.
- Que faites-vous ici? lance-t-elle toujours sur ces gardes.
- Je viens rechercher du matériel électronique que des amis ont déposé.
- Je ne crois pas que mon frère ait autorisé quiconque à pénétrer dans notre grange, de surcroît le soir. Présentez-moi une pièce d'identité!
Je lui sors ma carte d'intervention de la FedGal portant le timbre et la signature du général Padwear, ainsi que mon grade et matricule. Ca impressionne à chaque coup... ou presque.
- De quel pays êtes-vous? Il n'est fait nulle part mention d'une appartenance au Département Militaire Fédéral... pour qui travaillez-vous?
- Désolé mademoiselle, mais je ne peux rien vous dévoiler et je crains que les rôles ne soient inversés.
Paralux à la main, Bob émerge en spatiandre de combat du translateur, inondant les lieux d'une lumière crue.
- Lâchez votre arme! Puis se retournant vers moi. Je me suis fait du souci, restant sans nouvelle de ta part, j'ai regagné le vaisseau et me voici! Qui est cette jeune femme?
- Tu arrives à brûle-pourpoint! Cette petite appartient aux forces de police helvétique, expliquai-je en m'emparant de son pistolet SIG 225 cal. 9mm. Belle arme... hélas totalement inefficace contre un spatiandre de combat. A mon tour de vous demander une pièce de légitimation... merci. Voyons voyons... Madeleine Tchoukmann, inspectrice de Sûreté à Genève. Tout ceci est bien embêtant, qu'allons-nous faire de vous... grain de sable dans l'engrenage. Bob, contacte le navire et transmet-leur de ne pas s'inquiéter!

Là, je crois que la Terrienne ne saisi pas complètement le sens de mes mots. Elle reste immobile, sous le choc.
- Et qu'allez-vous faire de moi?
- N'ayez crainte! Nous ne porterons pas atteinte à votre intégrité corporelle ou psychique. Je vous prie néanmoins de nous suivre jusqu'à notre astronef.
- ... c'est inconcevable! D'OU VENEZ-VOUS?
- C'est une longue histoire. Nous avons parcouru plusieurs milliers d'années de lumière à travers le vide sidéral. nous avons dû effectuer un atterrissage d'urgence sur vote planète afin de réparer des avaries subies.
- Et quel est votre rôle?
- Nous sommes mandatés par la Force d'Intervention Galactique en tant qu'agents opérants pour nettoyer un nid d'ennemis. La rébellion gagne nos rangs et la course contre la montre est engagée. Indirectement, votre système solaire est menacé par la guerre qui ravage la Fédération Galactique. Pour preuve de notre bon vouloir je vous rends votre arme. Vous pouvez nous être d'une grande utilité; perdus que nous sommes sur cette planète peu hospitalière.
- Qui vous a aidé jusqu'à présent?
- Thorn Roginski, chercheur au CERN. C'est lui qui nous a indiqué cet emplacement comme étant "sûr". Il m'a dit connaître le propriétaire des lieux lequel, n'a pas hésité à lui prêter quelques temps cette grange.
- Thorn est... étranger?
- Non! Non! C'est un Terrien de pure souche! La chance a voulu qu'il passe au bon moment au bon endroit lors de notre atterrissage forcé dans le Jura.
- Je ne peux y croire... Vous vous foutez de moi ou bien!?
Ses yeux brillent de curiosité et le sourire qu'elle affiche n'est pas forcé. Elle vraiment très belle; la fermeté de ses seins apparaît sous son chemisier tendu, une taille fine, de longues jambes bien galbées... Curieux sentiment que je sens remuer au fond de moi-même. Nos regards se sont croisés et les minutes semblent s'écouler indéfiniment.
- Peut-on visiter votre astronef? lance-t-elle parée d'un sourire enjôleur, me sortant par là même de mes rêveries. Je marche avec vous. Si Thorn vous a épaulé c'est que la cause pour laquelle vous combattez est juste.
J'acquiesce d'un bref mouvement de la tête. Bob est pris d'une brusque quinte de toux.
- J'ai omis de vous présenter la capitaine Bob Fallow du croiseur de guerre fédéré l'Eridan. Bob et moi sommes des amis de longue date; nous avons fait toutes nos classes ensembles. C'est un excellent spatiopilote doublé d'un fin cuisinier... c'est le plus sérieux de l'équipe que nous formons.
- Enchanté mademoiselle, mais ne l'écoutez pas trop... il ment comme un pêcheur de samak!
- Parfait! Puisque tout le monde est d'accord, nous allons réintégrer nos pénates. Bob enclenche le translateur, je démonte le module de la télécommande... J'ai réussi la quasi totalité des tests.
- Mais je ne peux pas abandonner ma voiture sur place et m'évaporer dans la nature! fait remarquer à juste titre Madeleine Tchoukmann les jambes légèrement écartées, laissant découvrir le satin de ses cuisses où glisse discrètement mon attention.
- Pff... je rentre avec vous. Mon coéquipier translatera; son spatiandre de combat est par trop voyant ici bas.
- D'accord Michel. Je contacte Thorn, Charles et leur fait un résumé de la situation.
Un bref éclat de lumière troue les ténèbres qui viennent de tomber, envahissant la campagne genevoise. La capitaine Fallow vient de disparaître sous la mine ébahie de la jeune femme, pour se rematérieliser dans la soute du Milkyway stationné au nord, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau.

La petite Ford Fiesta grimpe sans rechigner le col de la Faucille. Je dévisage mon chauffeur du coin de l'oeil. Sa conduite est nerveuse et précise. Les phares de la voiture percent la nuit, éclairant l'étroite bande bitumée. La lumière du tableau de bord jette un pâle reflet sur son doux visage.
- Vous conduisez bien mademoiselle, je me sens en sécurité avec vous... ce n'est pas un compliment gratuit sachez-le! Je suis sincère.
- Merci! Je n'aime pas le genre de femme qui sont "coincées" derrière un volant; et comme dirait l'un de mes collègues de travail: ça passe ou ça casse! Mais pour en revenir à notre discussion précédente, vous devez penser que je ne suis pas très curieuse pour un flic... J'attends de voir votre engin de guerre; car ce n'est pas dans un dessein pacifique que vous poursuivez votre mission?
- Nous sommes contraint d'employer la force malgré tout. Il y a cent septante-cinq ans que nous sommes en conflit. Nos émissaires ont échoué... toutes les tentatives d'engager des pourparlers se sont avérées vaines. Nos ennemis, les habitants du Grand Nuage de Magellan selon les normes terriennes, sont insensibles à toutes valeurs morales et culturelles. Le ver est dans le fruit, au sein de la Fédération Galactique. Leur force de frappe est en faction dans les parages d'alpha Triton soit, l'étoile bêta de la constellation de la Girafe. Orkasis n'est qu'à 1'700 années-lumière de votre système solaire... la porte à côté en quelque sorte.
- Etes-vous déjà venu sur Terre?
- Jamais. C'est une première car votre région est un site galactique interdit... une sorte de parc naturel où toute violation est sévèrement réprimandée. Seuls les exoarchéologues et exobiologistes sont habilités à étudier les xénomorphes. Sol3 est une zone à part car vous, les humains de la planète Terre, venez d'entrer de plein pied dans la conquête de l'espace. La loi est formelle sur ce sujet: il est strictement interdit d'interférer avec une race possédant peu ou prou de technologie spatiale.
- Et ces objet volants non identifiés relatés dans une multitude de témoignages?
- Des scientifiques ou des pirates... Des gens veillent à la sécurité du système solaire. Sur la face cachée de la Lune, une base permanente a été implantée par des extra-stellaires voici plus de quarante ans. Ce sont les survivants d'une mission d'exploration en provenance des amas de Comas à quelques deux cent cinquante millions d'années-lumière. C'est incidemment que nous avons établi le contact pour la première fois avant de nous poser chez vous... attention! Prenez à gauche sur Mijoux, nous ne sommes plus très loin.
- Je m'étonne que vous parliez aussi correctement notre langage.
- Nous avons subi une mnémo-activation en anglais, français et culture générale. Ceci est très pratique mais vole de la place mémoire. Nous ne pouvons pas emmagasiner tous les dialectes existants sans créer de perturbations psychiques... notre personnalité s'en ressentirait. Ah! Le traceur des vaisseaux nous prend en charge. Milkyway de major Lorrain... Sommes à quinze minutes de point de contact... du spécial?
- Bien reçu Major, ici le lieutenant Verrat, rien à signaler. Nous vous attendons avec impatience à bord de l'Eridan...
- Merci terminé, répondai-je laconiquement en fourrant le vidéocom dans la poche intérieure de ma veste. Je croise le regard interrogateur de Madeleine Tchoukmann.
- Vous avez d'autres gadgets de ce genre sur vous?
- Oui... Vous aurez tout le loisir de les examiner lorsque nous serons en sécurité à bord du navire. Cet appareil est ce que nous nommons un vidéocom, il s'agit d'un transmetteur audio-vidéo sur hyperfréquences... d'ailleurs je doute qu'un quelconque terrien ne sache se que sont nos hyperfréquences. Au fait, vous ne craignez par la marche de nuit en forêt, accompagnée d'un extraterrestre?
- J'ai de bonnes chaussures et j'ai confiance en vous. Pourquoi?
- Bifurquez sur la droite! Nous arrivons à destination. Le chemin n'est que rarement fréquenté par les habitants de la contrée. En revanche, j'ai omis de m'équiper d'une lampe-torche...
- J'en ai toujours une dans mon sac-à-main, me lance-t-elle en éclatant de rire.
- Impayable! Je commence à tomber sous le charme des belles terriennes. Vous avez réponse à tout Madeleine. En avant!

Les portières claquent sèchement dans la nuit. Personne aux alentours.. . J'avertis par la même occasion l'astro de quart de notre présence afin d'éviter toute surprise et de couper le klaxon d'alerte de proximité; le minuscule écran du vidéocom se découpe nettement dans le noir. La jeune femme m'emboîte le pas, le faisceau de sa lampe-de-poche troue les ténèbres du sous-bois, nous montrant un semblant de chemin où un tapis de feuilles mortes étouffe le bruit de nos pas. Dix minutes plus tard, nous quittons les sentiers battus afin de nous enfoncer plus profondément dans la forêt. Les brousailles se font épaisses et notre avance s'en ressent.
Le champ de force est inhibé. J'ai demandé de le couper la nuit tombée afin d'économiser notre énergie et d'éviter un éventuel repérage. Qui plus est, sa fluorescence ne serait que trop visible dans l'obscurité; seuls des capteurs sont activés et surveillés en permanence par l'homme de quart. Gentiment, la sente se transforme en bourbier où nous pataugeons allègrement
- Courage mademoiselle Tchoukmann, nous n'allons pas tarder à atteindre notre but.
- Je l'espère bien, acquiesse-t-elle. Cette aventure me coûte déjà une paire de bas. Je pensais que le chemin serait plus praticable...
- Désolé mais de cette difficulté dépend notre protection. Je vais d'ailleurs contacter le navire et leur demander d'allumer les feux de navigation. Eridan de major Lorrain répondez!
- Reçu cinq sur cinq à vous.
- Eclairez-moi le paysage que l'on puisse s'y retrouver merci!

Dans un silence absolu, l'éclairage du croiseur inonde d'une lumière crue la campagne avoisinante, nous aveuglant momentanément. Quelques animaux nocturnes, effrayés par tant d'éclat, s'enfuient dans les profondeurs insondables de la nuit. La masse imposante des deux cosmonefs se découpe sur la rangée de mélèzes et la rampe d'accès se détache nettement. Je me retourne et constate que la Terrienne est clouée au sol... ébahie par tant de clarté et certainement sous le choc.
- Vous vous sentez bien? questionnai-je.
- mmh...
- Hou! Hou! susurrai-je en lui passant la main devant les yeux. Revenez sur Terre! Nous avons du pain sur la planche comme vous dites chez vous.
- C'est... comment l'exprimer... fantastique, subjuguant, féerique, irréel... toutes ces couleurs qui dansent tel un ballet de lucioles nées d'un arc-en-ciel. Cela a-t-il une signification quelconque?
- Affirmatif! Bon... dans le cas présent, ces andouilles en ont profité pour enclencher tout le bazar; histoire de frimer... pour faire les malins sachant que vous êtes là! Néanmoins, tout le code de navigation est régit par ce défilement incessant. Chaque couleur a un emplacement bien défini. Le nanordinateur de bord, entendez par là l'ordinateur régissant les manoeuvres de l'astronef, retransmet de manière optique les ordres reçu par le commandant pour toutes les évolutions au sol, par exemple dans certains spatioports de fortune où les infrastructures sur le terrain ne sont pas équipées du matériel adéquat, soit sur de nombreux destroyers pour les équipes de maintenance.
- Je vous remercie de votre explication. Toutefois, je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi. En effet, si ces couleurs reflètent un langage à quoi servent les transmissions radios? Nos aéroports utilisent pour ce genre d'opérations, tel le remplissage en carburant, chargement et déchargement du fret, un réseau en phonie!
- Question pertinente à laquelle je vous répondrais à l'intérieur de l'Eridan. Je vous ferais une démonstration en directe et vous jugerez sur pièce. Veuillez me suivre à présent jusqu'à la rampe d'accès.

Franchi le seuil de la soute, j'ordonne d'éteindre les guirlandes du navire... vraiment n'importe quoi! Je vais leur passer une de ces bordées... La trappe se referme sur nos pas. La petite s'est imperceptiblement crispée. Je la sens aux aguets.
- Détendez-vous je vous prie. Ayez confiance! Pour des raisons de sécurité, nous sommes obligés de fermer tous les ouvertures du vaisseau. J'espère que vous ne souffrez pas de claustrophobie?
- Non! Non! Merci! C'est impressionnant... toutes ces caisses?...
- Armement, pièces de rechange, alimentation... eh oui! le capitaine Fallow est un fin gourmet doublé d'un remarquable cuisinier comme je vous l'ai fait remarquer précédemment. Vous trouverez également de l'or... enfin, de quoi assumer nos réparations sur Terre et la poursuite de notre mission. Au plafond vous pouvez distinguer les conduits menant aux photopropulseurs... nos réacteurs si vous préférez. Contre les parois sont affichés, en permanence sur les écrans des scanners, les différents statuts: routine de vol, niveau d'énergisation des moteurs, données des translations en hyperespace, communications diverses, état de l'armement ainsi que des boucliers de protection. Ah! J'oubliais... circuit interne vidéocom.
- Pfff... époustouflant! Je reste sans voix. Et là?
- Justement... Attention à la tête! Nous pénétrons dans la salle de décontamination.
Le long des cloisons sont pendus les spatiandres de l'équipage. La lumière aseptisée nous fait un teint blafard et l'ameublement n'est que fonctionnel.
- Vous servez-vous souvent de cet endroit?
- Lors de mission exotique, donc en atmosphère polluée, la mise en quarantaine est obligatoire. Tout risque de contamination se doit d'être éliminé. La procédure peut être raccourcie pour autant que la réglementation sur les épizooties soit respectées. Certains gourvenements planétaires sont plus souples que d'autres. Mais pour répondre à votre question: le moins de temps possible! Nous franchissons maintenant le sas donnant accès aux divers niveaux de l'astronef qui en comprend trois. Tout droit vous trouverez le mess, les vestiaires et les dortoires. En dessus de nos têtes, un hôpital miniature suivi de la chambre LASMUN contenant l'armement. Nous allons emprunter cette échelle... je vous emmène dans l'arène principale.
Je pianote le code de sécurité régissant l'ouverture de l'écoutille et entamme la montée. La Terrienne me suit jetant autour d'elle des regards émerveillés. Arrivé à la passerelle intermédiaire, je constate que l'ouverture supérieure est au vert.
- Où vont ses couloirs latéraux, questionne-t-elle
- De part et d'autres, des galeries techniques font le tour de l'appareil.
- Et que signifie DIR.DOC?
- C'est le nom du programme de gestion des premiers secours comprenant divers blocs d'analyses tels que POLYCHIR et SCAN.
Je m'engage à nouveau sur les barreaux de l'échelle. Nous débouchons sur le niveau supérieur. Les murs sont couverts d'écrans scintillants, une multitude de témoins lumineux clignote dans un rythme infernal; ils sont le reflet de l'état de santé de l'Eridan... pas fameux en l'occurence. Seule la table de la carte quadrimensionnelle est sombre.
- ...
- Voici notre centre de transmissions et système nerveux du nanordinateur. Derrière vous, l'antichambre des photopropulseurs avec ses pupitres de commandes et enfin la salle des machines.
- Je ne sais plus où donner de la tête. Je ne me représentais pas le volume intérieur aussi important.
Un légère exclamation provenant de la zone d'ombre attire mon attention. Une silhouette élancée en surgit, microlaser à la main.
- Ah! Bonsoir Major... Je ne vous avais pas entendu arriver. Je travaille sur les cartes NAVCOM, ce qui est assez complexe par ailleurs mais j'ai bon espoir!
- Bonsoir Lieutenant! Je vous présente mademoiselle Tchoukmann qui est une solarienne de pure souche!
- Enchanté! Louis Verrat du croiseur Milkyway! répond l'intéressé en fédéral. Bon.. ben je vous laisse, j'ai de quoi m'occuper le restant de la nuit!
- Ravi d'avoir fait votre connaissance Lieutenant.... Je n'ai malheureusement rien compris. Bonne bricole!
- Il ne connaît pas le français... désolé!

Devant nous se dressent les battants blindés du poste de pilotage. Je tape sur le clavier mon identification et aussitôt les parois s'écartent. La voix tonitruante de Bob éclate dans la pièce.
- Bienvenue mademoiselle dans le Saint des Saints. J'espère que vous avez encaissé le premier choc... et pour vous aider à maintenir le cap, j'ai débouché une bouteille de lykme tout en votre honneur! Tenez votre verre... voilà! A votre santé! A la Terre!
- Je vous remercie de votre accueil Messieurs... il ne fallait pas.
- Mademoiselle Tchoukmann permettez-moi de vous présenter au commandant de ce croiseur de guerre fédéré, le capitaine Charles Tisons...quant au capitaine Bob Fallow, vous avez déjà fait connaissance.
- Bonsoir Commandant! C'est vraiment fantastique! Et vous arrivez à vous y retrouver parmi toutes cette foire de boutons et d'écrans Major?
- Bah! Question d'habitude... fameux ton lykme Bob, frappé à souhait... Pendant que j'y pense, vous êtes un sacré couple d'écervellés! Votre démonstration était plus que lumineuse... de quoi nous attirer les militaires dans le coin. J'avais demandé les feux de navigations et vous m'illuminez toute la campagne... Je ne vous dis pas bravo!
- Ah! Ne te fâche pas Michel! Nous nous étions concertés pour mettre un peu d'ambiance pour la venue de mademoiselle...
- mhhh... n'importe quoi! Enfin bref! L'affaire étant classée, je suis à vous Madeleine. Je suis dans l'incapacité de vous expliquer le fonctionnement de toute la machinerie qui s'avère trop complexe pour votre niveau technique, ceci dit sans vouloir vous offusquer. Néanmoins je vous ai promis une explication sur l'utilisation des codes optiques... Charles s'il-te-plaît?
- Je peux enfin en placer une! Bon, en tant que Commandant de ce raffiot je vous souhaite la bienvenue à mon bord. Si vous aspirez à une visite guidée de l'Eridan n'hésitez-pas un instant! Tu désires Michel?
- J'aimerais présenter à notre hôte les modalités d'accès sur certaines planètes dénuées d'infrastructures spatioportuaires... à toi l'honneur!
- Ok! Brzad brzmi wscimie käsfidlak.
- Merci Charles! Vous cernez le problème de la barrière linguistique à présent. Cette phrase représente une procédure d'arrêt à un point de pontage sur la planète Biarje de la constellation kappa Khyr. Il se trouve des centaines de systèmes de part la galaxie, équivalant à des milliers d'idiomes. Certes, il existe un language commun mais il n'est pas entièrement assimilé dans certaines régions reculées de la FedGal; c'est pourquoi nous avons recours à la chromovision.
- Michel, reprend Charles, excuse-moi de t'interrompre mais j'ai besoin de savoir si tu as avancé tes essais sur la télécommande!
- Négatif! D'une part, j'ai été "surpris" au cours de mes tests par Madeleine, et d'autre part certains composants me font cruellement défaut. Je compte beaucoup sur l'aide de Thorn. Le module principal est au CERN et lui seul est primordial si l'on désire quitter cette planète et réussir notre mission. J'ai d'ailleurs remarqué que Verrat soudait les cartes NAVCOM?
- Effectivement Michel, poursuit Bob, je lui ai conseillé de farfouiller dans la carcasse de la carte quadrimensionnelle dans le but de récupérer un maximum de pièces. Mais je crains qu'il ne faille les refiler à Thorn pour qu'il les analyse dans son labo. De toute façon la carte est hors d'usage...
- Ouais! Pfff... il nous faut mettre les bouchées doubles! Nous n'allons pas nous éterniser ici, le risque encouru est grand. Madeleine, vous nous excuserez mais nous avons à débattre de matières vitales. Suivez-nous!
Abandonnant le poste de navigation, nous descendons dans le mess... non sans avoir omis de ramasser la bouteille de lykme!

- Non c'est non! fulmine Charles en tapant du poing sur la table. Par l'espace! Je ne saborderais pas mon vaisseau.
- Je n'a pas dit "saborder", précisai-je. Je te demande simplement le démantèlement partiel du groupe énergétique...
- Cela revient au même! M'amputer de ce système équivaut à me couper une jambe. Qui peut être sûr que l'opération réussisse entièrement? Il ne faut pas se leurrer... le danger existe! Je risque de ne plus pouvoir redécoller d'ici!
- Il a raison Michel. J'ai analysé toutes les informations, je les ai retraitées et invariablement le pourcentage d'échec et trop important...
- D'accord! On se calme les amis. Nous sommes là pour avancer toutes les hypothèses...
- Mon astronef... soupir Charles en haussant les épaules.
- ... toutes les hypothèses nous permettant de poursuivre notre mission. Bien! Si tout le monde est d'accord, nous allons resté au statu quo.
- Bonne initiative! lance patron de l'Eridan qui, décidément, n'a pas du tout apprécié mon projet.
- Maintenant, si vous le permettez, je vais rendre la liberté à notre charmante hôte qui a dû apprécier notre échange verbal.
- Ne vous faites pas de souci pour moi Major, c'est dans ce genre de discussion qu'un observateur peu se forger une opinion des personnalités qu'il a en face de lui. Je ne vous demanderais que de me raccompagner jusqu'à la sortie de votre machine... Bonne soirée Messieurs et au plaisirs de vous rencontrer.
Suivi de Madeleine Tchoukmann, nous sortons du mess en empruntant les galeries techniques.
- Vous n'y allez pas de main morte avec vos amis, me chuchotte-t-elle une fois dans la soute.
- Bah... Ils ont l'habitude... et moi aussi. Je vous souhaite bonne route... attention dans les bois, il y a de drôles de gens dans le coin!
- Houlàlà! Mais j'ai des copains extraterrestres alors...
- Ok! Au fait, êtes-vous libre demain soir pour aller dîner au restaurant?
- Oui!... Je passe vous prendre?
- Je vous retrouve à la grange vers les huit heures... Bonne nuit!
Je la regarde s'éloigner dans la forêt... vraiment exquise cette petite. je lâche un soupire alors que le sas se referme. Mes coéquipiers sont aller dormir et j'en fait de même. Auparavant, bonne douche et les lassitudes de la journée disparaissent comme par enchantement... Enchantement! C'est exactement le terme qui convient à mon état d'âme actuel. Je suis envoûté par cette femme, complètement obnubilé par son image. En m'allongeant sur la couche de ma cabine, je ferme les yeux et mon esprit commence à s'envoler dans l'éther brumeux des rêves.

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