CHAPITRE 10
Les nerfs des batailles sont les pécunes
François Rabelais
"Gargantua"
SWISSGOLD
Sur la façade vitrée de l'immeuble, les trois
lettres du sigle de la Banque Cantonale Romande éclairent le trottoir de la place du
Molard. Un léger crachin, amené par la Bise soufflant sur le lac Léman, nous transperce
jusqu'aux os. Une légère bosse sous mon manteau trahi la présence de mon phaser. Dans
l'attaché-case sont placés les lingots d'or nécessaires à la transaction. Je suis seul
avec Thorn pour pénétrer dans la banque. Bob et Charles sont en couverture rapprochée
dans les Rues-Basses et en liaison vidéocom directe avec le vaisseau.
La BCR est l'une des rares banques de la place ouverte le soir. Je palpe dans ma poche les
certificats d'authentification de la fonderie SwissGold à Fribourg... sans eux pas
d'argent.
- Allons-y, lançai-je à Thorn en coulant un dernier regard de part et d'autre de la
place. A toi de jouer!
Les portes teintées s'effacent sur notre passage. Aussitôt, des caméras de surveillance
braquent leurs objectifs dans notre direction. Une voix nasillarde nous parvient par le
biais d'un interphone.
- Bonsoir Messieurs, que désirez-vous?
- Bonsoir! Thorn Roginski, chargé de projet au CERN... Je vous ai téléphoné en fin de
matinée; nous venons chercher des devises en contrepartie de lingots d'or.
- Un instant je vous prie, je débloque le sas.
Le déclic de la gâche électrique s'étant fait ouïr, nous pénétrons dans le vaste
hall de la banque. Un homme d'une quarantaine d'années, vêtu d'un costume sombre, nous
offre un large sourire en nous tendant sa main.
- Christian Lagier, fondé de pouvoir à la BCR. Je suis à votre service Messieurs.
- Enchanté! Thorn Roginski chef du projet L3 au LEP... Monsieur Michel Lorrain, mon
assistant. Je m'en réfère à notre entretien téléphonique de ce matin, avez-vous pu
réunir le montant nécessaire pour notre arrangement?
- Sans aucun problème. Veuillez me suivre s'il-vous-plaît, nous serons plus à l'aise
dans mon bureau.
La paroi vitrée se referme sur notre passage. L'air
absorbé, l'huissier reprend le cours de son travail derrière son pupitre de
surveillance. Nous gravissons quelques marches donnant accès aux bureaux de la direction.
Les escaliers sont recouverts d'une moquette foncée, étouffant le bruit de nos pas. Sur
les murs sont accrochées des toiles de maîtres. Le ronronnement de la climatisation se
fait silencieuse. Notre hôte nous fait pénétrer dans une large pièce sobrement
meublée, un éclairage discret diffuse sa lumière de manière uniforme. Dans le coin
supérieur gauche de la baie vitrée, un brouilleur phonique nous isole de toutes
télé-détections externes.
- Prenez place s'il-vous-plaît. Mais avant d'entamer notre transaction, puis-je me
permettre une question indiscrète monsieur Roginski? Pourquoi de l'or?
- Dans le cadre de notre programme, chaque unité de recherche gère son budget avec les
moyens du bord. Afin d'éviter les problèmes inhérents aux fluctuations de la bourse,
nous ne possédons pas de devises pour les sommes importantes. L'or nous est apparu comme
étant la solution la plus raisonnablement stable. Il est bien clair que je ne peux
dévoiler tous les rouages de notre organisation où la discrétion inter-services est de
rigueur.
- Certes cher Monsieur, je ne désirerais point vous offusquer. Passons maintenant à
l'affaire qui vous amène. Je vais faire appeler mon chef-comptable qui prendra livraison
de vos lingots ainsi que des certificats de garantie... la SwissGold m'avez-vous dit?
C'est parfait! Une maison dont la renommée n'est pas à faire.
J'extirpe les documents de la doublure de mon imper et les dépose sur la surface polie du
bureau. En passant, j'observe discrètement le geste furtif de notre hôte pressant de sa
main droite une touche de la console téléphonique. J'ai déjà quittancé le premier
contrôle de liaison avec mes acolytes. Je n'ai rien pu leurs transmettre directement mais
par le biais de mon inducteur acoustique, j'ai appris qu'ils avaient changé de place...
des agents de la force publique leurs ayant intimés l'ordre de circuler.
Un imperceptible frottement sur la moquette, une
subtile senteur me fait me retourner; je n'ai pas entendu le glissement de la porte.
Devant nos yeux étonnés, une ravissante jeune femme moulée dans un tailleur de marque
mettant en valeur sa plastique, fait son apparition. Ses yeux amandes nous toisent et son
sourire se fait amical.
- Bonsoir Josiane, je vous présente messieurs Roginski et Lorrain du CERN. Notre
transaction de ce soir portera sur cinq lingots de la SwissGold.
- Bonsoir Messieurs, bienvenue en nos locaux. Pouvez-vous me remettre je vous prie vos
barres afin que je les transmette à notre caissier.
Ses doigts fins et soignés s'emparent de mes valeurs. Elle dépose le tout sur un plateau
et prend la direction de la sortie. Son déhanchement me laisse rêveur. Mon regard
s'attarde sur la soie de ses bas qui fait se refléter la lumière projetée par les
spots. Une fois le seuil franchi, le charme tombe.
- C'est une belle femme n'est-pas? Doublée d'une redoutable chef-comptable...
- Michel! On s'est fait lever par une autre patrouille de police! La voix tendue de Bob
grésille dans mon récepteur auriculaire. On quitte les lieux momentanément, ça sent le
roussi... ils nous filent le train depuis quelques minutes. Terminé!
Quelle poisse! Je clique deux coups pour quittancer le message. Apparemment, le coin
fourmille de représentants de l'ordre. Je consulte mon bracelet-montre: vingt-deux heures
quarante-cinq! Pff... la fatigue s'insinue en moi. J'étouffe un bâillement et cligne de
l'oeil en direction de Thorn.
Notre banquier est plongé dans la lecture d'un registre de barème. La sonnerie discrète
du téléphone interne l'en sort.
- Oui? Très bien... parfait! Faites diligence et amenez-moi les papiers au plus vite...
merci! Il raccroche le combiné et se retourne vers nous en affichant un large sourire.
Voilà Messieurs d'excellentes nouvelles! Toutes les vérifications d'usage ont été
effectuées avec succès. J'ai le privilège de vous annoncer que je vais vous verser un
montant total de quatre-vingts sept mille cinq cents francs! Je vous ai fait préparer des
coupures de mille et cinq cents francs. Il ne nous reste que la paperasserie à signer.
Bien! En attendant puis-je vous offrir un verre de whisky?
- Volontiers, rétorque Thorn. Je vous remercie par la même occasion pour la célérité
avec laquelle vous avez traiter cette affaire... C'est tout à votre honneur et fidèle à
la réputation de votre établissement. Je n'oublierais pas lors de l'inauguration de la
prochaine mise en route du L3 de vous envoyer une invitation! Néanmoins, je tiens à
souligner une nouvelle fois le caractère confidentiel de notre transaction... Des
intérêts énormes sont en jeu!
Le timbre de la sonnette d'entrée se fait entendre, le fondé de pouvoir quittance
l'appel et la porte s'ouvre sur l'émoustillante Josiane.
- Voilà Messieurs, lance-t-elle à notre encontre. La somme convenue a été placée dans
cette enveloppe . Si vous souhaitez la vérifier...
- Cela ne sera pas nécessaire Mademoiselle... Merci infiniment! Monsieur Lagier, il se
fait tard et nous ne voudrions point vous déranger plus longtemps. De plus, nous
retournons de suite à notre laboratoire... eh oui! Pas une minute de repos ne nous est
accordée...
- Je vous comprends tout-à-fait. Je reste à votre entière disposition pour de futures
transactions... Permettez que je vous raccompagne!
Après nous être séparés de la pulpeuse chef-comptable, nous quittons le bureau
précédé par notre hôte. L'huissier émerge de son poste, l'air ensommeillé.
Une rapide poignée de main et nous reprenons pied sur
la macadam humide de la place du Molard. Ouf! Enfin à l'air libre. La pluie s'est
arrêtée et seule la Bise souffle modérément. Nous longeons en silence la rue du Rhône
en direction de la place Bel-Air.
- Il n'y a pas âme qui vive ce soir! lançai-je, rompant ainsi le mutisme de mon acolyte.
- Tu sais Michel, je suis nerveusement crevé. Cette entrevue m'a lessivé... Où sont
passés Bob et Charles?
- Ils ont dû s'esquiver... malgré les plaques diplomatiques de ta voiture, les gendarmes
les ont faits déguerpir. Bah! Ce n'est pas bien grave, je les contacterais depuis une
cabine téléphonique et nous les attendrons dans un troquet.
- Ouais! Je ne suis pas tranquille... plus de quatre-vingts mille francs sur nous!
J'aspire à un repos bien mérité... j'espère que tes certificats tiendront le coup!
Sinon... pfuiit! Fini le père Roginski, je me retrouverais à l'ombre pour un bout de
temps. Va donc expliquer devant un jury que tu as financé le dépannage de vaisseaux
spatiaux et soutenu des forces armées galactiques... Il y a de quoi finir dans un asile
psychiatrique!
- Ne te fait pas de bile Thorn! Le moindre détail a été étudié minutieusement. Il n'y
aura aucun accroc... reste le facteur humain! Là, nous ne pouvons que spéculer sur la
droiture de monsieur Lagier. Ah! Voilà les arrêts de bus et les cabines
téléphoniques... Surveille les alentours, je vais joindre notre "couverture".
Je me glisse à l'intérieur de la cabine téléphonique sise à l'angle de la rue de la
Tour-de-l'Ile et du quai Bezanson Hugues. L'endroit est exigu et sale. Je tire de ma poche
intérieure mon vidéocom et l'enclenche. Le rectangle de l'écran luit faiblement dans la
pénombre.
- Bob de Michel...
- Présent chef! Nous sommes à l'appartement... Qu'elle est votre position?
- Place Bel-Air... Nous allons boire un coup dans les environs et vous venez nous
repêcher...
- D'accord! Donne-moi vos coordonnées exactes s'il-te-plaît!
- Un instant je me renseigne ... Psitt Thorn! Où va-t-on à présent?
- Au Harry's, dans le Confédération-Centre... c'est le seul endroit potable à
disposition dans les environs immédiats...
- Merci! Bob, je pense que tu as reçu le message. Dès que vous êtes à proximité, tu
me lances un appel et nous vous rejoindrons dans les plus brefs délais.
- Compris Michel... La transaction s'est-elle bien déroulée?
- A merveille. A tout-à-l'heure, terminé!
Je romps le contact et fourre dans l'attaché-case mon
appareil de liaison. De rares gens se pressent dans les abris-bus, attendant patiemment la
prochaine correspondance. Nous prenons la rue de la Monnaie et débouchons sur la rue de
la Confédération. Là, dans un sifflement aigu, le tram s'arrête à sa station. De
jeunes punks éméchés s'en prennent aux passants en les haranguant, mais sans les
molester, puis s'engouffrent dans le passage des Lions. Nous poursuivons notre chemin le
long des vitrines de luxe jouxtant les voies du tram et bifurquons sur la droite dans le
couloir menant au coeur du Confédération-Centre. De nombreux escalators mènent aux
étages supérieurs de cet îlot de lumière et de galeries tape-à-l'oeil. L'entrée du
Harry's est discrète. A gauche et en retrait derrière le bar, un piano distille une
douce mélodie qui ajoute une note feutrée à l'ambiance régnant dans l'établissement.
Nous prenons place au comptoir et commandons de la vodka pure avec des glaçons.
- Ah! Voilà qui me remet d'aplomb! s'exclame Thorn en vidant cul-sec son verre. La même
chose garçon, merci! Tu vois Michel, jusqu'à présent j'ai réussi à ne pas éveillé
de soupçon quant à mes travaux "parallèles" pour la FIG. L'un de mes
collaborateurs à cependant repéré certains composants insolites provenant du
Milkyway... rien de vital mais connaissant le bonhomme, qui n'est pas un imbécile
soit-dit en passant, j'ai des craintes sur la bonne marche de notre entreprise. S'il
découvre que les schémas font état de procédés encore inconnus dans notre siècle et
de surcroît sont d'origine extra-terrestres, je ne réponds plus de rien. Cet individu
est capable de vendre la mèche...
- Il faut le contacter, lui expliquer le topo; et s'il ne comprend pas ou ne veut pas
comprendre... eh bien nous aviserons en temps voulu. Je ne peux pas accepter que cette
mission soit compromise. Nous avons tous pris des risques calculés et toute marche
arrière est impossible!
- Bien sûr Michel, mais ce gars n'est pas sain. J'ai la bête impression qu'il mène
double jeu. L'un de mes collaborateurs m'a glissé à l'oreille qu'il travaillerait pour
le gouvernement américain.
- Mmmh... Quand l'as-tu repéré pour la dernière fois et comment s'appelle-t-il?
- Glenn Smithee, c'est un physicien hors pair. Il fait partie de l'équipe depuis le
début; c'est un garçon assez ouvert et jovial mais ne discute jamais de sa vie privée,
c'est un fou d'ordinateur. Très calé dans sa catégorie, je l'ai surpris il y a trois
jours dans la salle de sûreté où j'ai entreposé les quelques pièces du nanordinateur
et du système de refroidissement. Oh! Il n'y a aucune restriction pour les gars de mon
équipe dans ce secteur mais sa surprise de me voir a été telle qu'elle m'a éveillé
des soupçons... Il faut dire que normalement je devais partir pour Copenhague assister à
un colloque sur le projet L3. De ce fait, Smithee avait quartier libre...
- Tu me dis qu'il est calé en ordinateur?
- Oui Michel! C'est un génie en la matière...
- Et que tenait-il dans ses mains?
- Eh bien voilà le hic... un module de télécommande pour le nanordinateur de l'Eridan,
plus précisément la carte NAVCOM. J'ai dû la laisser branchée sur le banc d'essai pour
les tests de longues durées.
- Ouais! Nous aviserons demain matin. Si cette personne est vraiment comme tu me le
décris, il représente un danger potentiel.
Une tape sur l'épaule me fait me retourner. Je croise le regard vif de Bob et
entre-aperçois derrière sa stature Charles qui toise une ravissante rousse accoudée au
zinc.
- Ca va les gars, nous lance l'intéressé. Pas facile de se parquer dans le coin! Nous
nous sommes glissés dans le parking sous-lacustre. On y va?
- Ok! Je paie et j'arrive. Partez en avant, je vous rejoins! Je dois encore passer au
petit coin.
Le trio s'éloigne vers la sortie et s'éclipse. Une
femme, outrageusement fardée et légèrement ivre, me fait un clin d'oeil auquel je ne
réponds pas. Je n'ai pas le moindre envie d'entamer une aventure et qui plus est, le
collaborateur de Thorn, ce Glenn Smithee, m'accapare l'esprit. Si la description de ses
capacités est exacte, il va falloir jouer serré. Le fait qu'il ait examiné brièvement
les circuits du NAVCOM vont lui titiller l'esprit. Il n'est pas sorcier de remarquer la
provenance étrangère de ces pièces. Enfin! Nous verrons bien. Je règle l'addition,
empoigne ma mallette et sort. Il est minuit passé. Je baille, respire un bon coup et
m'ébroue mentalement. Vivement un bon lit! Je quitte ce complexe luxueux, traverse la rue
du Commerce pour rejoindre les bords du Rhône. Les quais sont déserts, pas un dhur à
l'horizon. Soudain tout ce précipite, je me sens plaqué à terre et reçois un violent
coup dans les reins, tandis qu'une main tente de m'arracher l'attaché-case. On me
retourne et je me retrouve bloqué contre la barrière métallique. Devant moi, une
demi-douzaine de jeunes hurluberlus s'excitent en me voyant sur le sol.
- Alors mec, on n'a pas envie de s'amuser... On ne tient pas debout, on a trop bu...
Refile-nous ton pognon et les clefs de ta valise sinon on te perce! Vite!
Dans un claquement sec, des lames jaillissent dans les mains des voyous. En m'appuyant
contre la rambarde afin de me redresser je glisse prestement ma main sous mon aisselle et
dégaine mon phaser. Je sais pertinemment que je n'en ferais pas usage contre ces gamins
mais je veux simplement les décourager de continuer.
- Faites pas les cons! fulminai-je en exhibant mon arme. Il pourrait vous en cuire de
maintenir votre attitude agressive à mon encontre. Posez cette mallette à terre et
déguerpissez!
- Ta gueule le vioque! Tu ne nous fais pas peur avec ton jouet... ils font les mêmes pour
les loupiots. Passe le pèse et on se tire...
Impasse totale! Bon, à ce jeu de force je remarque que seul l'impact visuel de ma menace
portera ses fruits. J'avise une poubelle à l'angle d'une maison, pointe le phaser dans sa
direction et appuie sur la détente. Le tas d'immondices est instantanément transformé
en cendres fumantes.
- A qui le tour, clamai-je à la cantonade en voyant mes agresseurs détaler tous azimuts
sans demander leur dû.
Je rengaine mon arme, ramasse mes affaires et poursuit mon chemin. A la hauteur du pont
des Bergues, je me laisse porter par l'escalator dans les profondeurs du parking du
Mont-Blanc. A côté des caisses, j'aperçois mes acolytes bavardant entre-eux.
- Alors Michel, tu t'es fait racoler par une fille ou bien? me charrie Charles. Tu as la
mine un peu déconfite... des problèmes?
- Pas grand chose. Simplement un groupe de jeunes vauriens qui m'ont agressé et tenté de
me voler l'argent...
- Et alors?
- Au vu de la situation, j'ai fait une démonstration d'efficacité au phaser... Ils sont
tous partis avant la fin de l'exhibition!
- Tu déconnes Michel... Tu ne va pas nous dire que tu a fait usage de ton phaser en
pleine rue! rugit Bob, faisant se retourner les rarissimes clients du parking
- Du calme! N'ayez crainte les gars! Baissons le ton, notre conversation intéresse
d'autres péquins. Rejoignons la voiture, je vous narrerais mon aventure sur le chemin.
- Parfait Michel! plaide Thorn. Je n'ai aucune crainte
quant à un éventuel reflet de cet incident dans la presse genevoise... Ces punks ne vont
pas aller se plaindre à la police!
Le 4X4 Toyota Land Cruiser, modèle renforcé, de notre hôte avale allégement les
kilomètres. Meyrin n'est plus très loin. Mon histoire a calmé leur anxiété. Nous
sommes tous crevés. Une bonne douche et hop au lit! Notre allié terrien a mis à notre
disposition son appartement d'ami dans sa superbe villa où sa femme nous concocte de
délicieux petit-déjeuner. Nous traversons l'axe de la piste de l'aéroport et, à la
hauteur du garage Ferrari, nous nous engageons sur la route menant à Ferney-Voltaire.
Dans le quartier de la Citadelle, nous stoppons devant le portail du pavillon. Par le
truchement d'une télécommande, Thorn déconnecte le système de sécurité balayant le
jardin et ordonne l'ouverture du garage.
- Nous voici à bon port, Messieurs! s'exclame le maître de céans. Je vous propose de
dormir ici pour cette nuit. J'en avertirais Susan qui se fera un plaisir de vous
réveiller demain... enfin, tout-à-l'heure!
Les rayons dardés par l'astre du jour, viennent me
chatouiller les paupières... il est onze heure du matin! Bigre, j'ai dormi comme une
souche. Mes collaborateurs se sont déjà levés et un délicieux arôme de café flotte
dans l'appartement. Après quelques exercices d'assouplissement, je me glisse sous le jet
d'une douche glacée... Brrr! J'enfile prestement mes habits et monte sur la terrasse.
- Bonjour Susan, bien dormi?
- Salut Michel! me lance entre deux bouchées de croissants la ravissante femme de Thorn.
Assied-toi et déjeune. Il y a des croissants au beurre ou des oeufs au bacon...
- Merci! Où sont passés Bob et Charles?
- Ils sont descendus en ville faire des achats. Il a été décidé en ton absence que
cette journée serait consacrée au farniente.
- Ah bon? Pas de problème... En l'occurrence, j'en profiterais pour bricoler la console
du translateur...
- Hé Michel! Tu es enfin réveillé!
Une grande claque dans le dos me fait renverser la moitié de la tasse de café sur la
nappe. Thorn, en maillot de bain, s'esclaffe.
- Tu viens me rejoindre dans la piscine... Aujourd'hui: pause!
- Ouais! Vu que mon petit-déjeuner est à peine entamé, je vais faire trempette. Je ne
suis pas pour l'oisiveté mais profitons du moment présent.
L'eau est délicieusement chaude. Sur les vitres, la condensation se forme, nous cachant
aux regards indiscrets.
- Tout de même, quel classe... une piscine intérieure!
- Bah! On ne vit qu'une fois. Tu sais Michel, nous ne pouvons pas avoir d'enfant avec
Susan... Elle a difficilement accepté cet état de fait. Elle adore les gamins et, durant
les vacances estivales, nous mettons à disposition des gosses de la famille, notre
installation aquatique... Susan peut ainsi distribuer sa tendresse. De mon côté, j'ai
durement accusé le coup... les médecins ont été formels: stérilité. C'est dur pour
un homme dans la force de l'âge d'admettre que l'on ne pourra jamais procréer. Enfin, ne
tergiversons pas... Il faut vivre avec, la roue de la Vie continue de tourner.
- Je ne voulais point te blesser Thorn... Excuse-moi!
- Ce n'est rien mon ami.
En silence, nous poursuivons nos traversées. La nage a un effet bénéfique sur ma
fatigue qui s'estompe. Une fois la séance de sauna terminée, une légère collation nous
attend.
- Cette exercice m'a ouvert l'appétit! tonne le Terrien. Bon appétit et à ta santé!
Le champagne me monte à la tête et je sors m'étendre pour une douce sieste sous la
véranda. A mon éveil, le soleil hivernal a entamé sa longue course vers le crépuscule
et l'après-midi touche à sa fin. Par l'espace! Voilà une journée vite passée. J'avale
un café, prend congé de mes hôtes et translate au vaisseau. Là, j'emporte le module de
la télécommande pour la passer au banc d'essais. J'en profite pour laisser un bref
message pour mes compagnons avant de quitter le navire.
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