CHAPITRE 9
La Terre vue de l'espace?
Elle est belle autant que changeante,
avec le dessin sans cesse renouvelé de ses nuages,
la richesse de ses teintes, dominées par l'ocre des déserts
et le bleu de l'atmosphère
Albert Ducrocq
"D'une planète à l'autre"
ATTERRISSAGE
Une partie délicate reste à jouer: l'atterrissage
sur Terre... sans casse, si possible! L'Eridan et le Milkyway naviguent de concert. Je ne
vais pas tenter l'introduction directe de l'atmosphère terrestre. Au préalable, nous
allons effectuer quelques révolutions et diverses analyses. De prime abord, il me semble
que l'espace proche est un véritable capharnaüm de satellites et de débris éparses...
Ces Terriens ne sont vraiment pas ordrés! Ma foi, à la guerre comme à la guerre.
Les premières fenêtres d'entrée viennent de s'afficher sur les grilles du scanner et
des colonnes de chiffres défilent sur mes écrans. L'accès par les cheminées polaires
ne me déplaît pas outre mesure. Au contraire, la pénétration ne mettra pas trop à
contribution les déflecteurs de proue.
Voilà! L'ultime tour étant bouclé, j'observe le disque solaire qui se lève sur
l'horizon, éclairant de mille feux la carène de nos croiseurs.
- Eridan de Milkyway répond!
- Je t'écoute Michel... tout va bien chez moi!
- Ok! Je te propose de nous glisser par le pôle de l'hémisphère nord où la ceinture de
radiation de la haute atmosphère est la plus fine et ce, dans le but d'économiser nos
écrans. Nous resterons à une altitude élevée afin d'éviter les avions de ligne.
- J'ai compris. Et la télédétection?
- Nous maintiendrons le champ de force au minimum... cap droit sur l'objectif. As-tu des
objections à formuler?
- Aucune! Pour nous ici tout est paré... Belle planète non?
- Ouais, mais redoutable si nous nous égarons. Bon! Maintenant, je dégage sur la droite
et tu me suis tel mon ombre.
La nuit étend son voile sur l'Europe, laissant
entrevoir la péninsule ibérique... Impeccable! Je diminue la photopropulsion de moitié.
Sur mes écrans, les cadres de synchronisation s'alignent, formant un tunnel à
l'intérieur duquel les croiseurs se glissent, cap au nord. Le bip de syntonisation
résonne dans le poste, toutes les cloisons sont verrouillées... L'air siffle tout autour
de nous et son frottement sur la carlingue provoque un réchauffement de la température
externe. Je resserre l'étau de mon harnais de sécurité. A portée de mains se trouve la
poignée d'éjection. Si par malheur le vaisseau ne supportait pas la traversée de
l'atmosphère terrestre, je me verrais dans l'obligation de nous saborder. Un frisson me
parcours l'échine... une telle éventualité me fait peur. J'ai connu des hommes vaillant
qui se sont éjectés tout en visualisant la destruction de leur cosmonef... Dans leurs
yeux je n'ai pu y lire que de l'horreur et une peur indicible... ils n'ont jamais repris
un nouveau commandement. L'impact psychologique de cet acte est terrible. D'ailleurs il
est exceptionnel que des astronavigateurs résistent aux tensions physiques engendrées
lors de l'annihilation qui suit la séparation pilote-vaisseau. Les bulles de sécurité
sont calculées pour supporter des pressions gigantesques mais l'être vivant lui...
Enfin! Je ne veux pas faire preuve de négativisme. En certaines circonstances, des
pensées parasites interagissent et me foutent le cafard. Je contrôle mon assiette...
extra! Je visualise l'Eridan qui calque ses manoeuvres sur les miennes. Tiens? Bizarre! La
température intérieure a tendance à s'élever...
- Lieutenant! Vérifiez le circuit cryogénique... nous risquons de finir rôti d'ici peu!
Mon second s'exécute sur le champ. Je le vois s'extirper de son siège et se diriger à
l'arrière... Une expression de colère contenue et un grand bruit sourd me parvienne
aussitôt.
- Par l'espace! Major?
- Que se passe-t-il? m'exclamai-je sur le qui-vive.
- La carte est foutue... court-circuitée. J'ai utilisé l'extincteur à main car la
thermodétection ne s'est pas mise en route!
Quelle poisse! Un élément de plus hors service...
- Ok lieutenant! Venez réintégrer votre place.
Au vu de ce qui précède, j'enfile mon casque et branche le nanordinateur de ma
combinaison sur ma console de navigation.
- Eridan de Milkyway...
- Cinq sur cinq Michel, passe ton message!
- Mon circuit cryogénique a flanché! La température de la cabine est en constante
augmentation... Oh! Pas grand chose, mais que tu saches que nous avons des ennuis.
- Merci pour l'information! Ici tout est en ordre... Je profite du cône d'ombre de ton
sillon pour me protéger. A plus tard... terminé.
Nous voilà dans la cheminée polaire! Quelques rares turbulences viennent nous secouer
dans nos fauteuils. J'établis des relèvements sur mes scanners de proximité. Sur des
paliers inférieurs, j'ai détecté quatre cibles en trafic de ligne. J'augmente
sensiblement le champ de force car à plusieurs reprises le voyant signalant la présence
de faisceaux radars s'est allumé en orange... Nous avons frôlé l'apparition sur les
écrans terriens.
- Contrôle de trajectoire?
- Syntonisation parfaite Major, je relève néamoins une lègère destabilisation du
gyro...
- Compensez avec les boucliers! Niveau thermique extérieur de la surface de la carlingue?
- En augmentation constante selon les normes.
- Très bien! Systèmes de sécurité engagés, temporisateur d'éjection en fonction!
L'Eridan est dans notre sillage... au top on plonge. Attention... Top!
Nous nous enfilons à la verticale dans la cheminée.
Aux alentours de trente mille mètres, je stabilise et vire en direction de la mer de
Barents. Le ciel est d'un noir limpide. A tribord, l'astre du jour darde ses derniers
rayons avant de plonger derrière l'horizon. Plus en avant, les côtes scandinaves font
leur apparition. J'entame une descente de dix mille mètres et infléchi légèrement ma
trajectoire sur la droite pour faire cap sur la Grande-Bretagne.
Tel mon ombre, l'Eridan calque sa conduite sur la mienne. J'ai abaissé de moitié notre
vitesse de croisière et celle-ci oscille entre sept et huit mille kilomètres-heure. Une
épaisse couche nuageuse recouvre la majeur partie des zones que nous allons prochainement
survoler... La bonne affaire! Le scanner me fourni une foule de détails auxquels je me
réfère. La température extérieure avoisine les moins quatre-vingts. Aucun engin n'a
pénétré notre sphère de protection... parfait! J'ouvre la visière de mon casque
estimant que le danger principal est passé.
- Système d'éjection désengagé... tout baigne!
Le lieutenant Verrat suit assidûment le trafic aérien local dont le pallier de vol est
bien en-dessous du nôtre. Le témoin du vidéocom clignote.
- Milkyway à l'écoute!
- Salut Michel! la voix de Bob vibre dans le poste de pilotage. Pour ton information, tout
est en ordre à bord. Aucun dommage particulier n'est à signaler si ce n'est mon
impatience d'atterrir dans les plus brefs délais.
- Ouais... d'ici une demi-heure approximativement! Cela te convient-il?
- Affirmatif! Charles a un rendez-vous avec une charmante terrienne... et moi j'ai soif!
- Je souhaite que tes caisses de lykme soient arrimées de manière adéquate sinon... tu
pourras te mettre à l'eau! Quant aux terriennes, il nous faudra juger sur pièce! Je te
quitte pour un moment. Nous allons virer à bâbord les longs des côtes françaises. Je
te rappellerais lors de l'approche finale. Terminé!
L'image sur l'écran s'efface. Je décrémente notre vélocité de cinquante pour cent
alors que nous venons de traverser la Manche. J'ai calculé la pente à suivre qui nous
mènera à huit mille mètres sur le massif des Pyrénées.
Après notre crochet sur les cimes enneigées
franco-espagnoles, je maintiens notre palier actuel. La météo au sol est en notre faveur
car le plafond nuageux stagne aux alentours de mille cinq cents mètres, établissant une
couverture impeccable pour notre approche. J'ai envoyé mon second dans la soute afin
qu'il débranche manuellement le système stroboscopique du train d'atterrissage car je
n'ai pas pu le neutraliser depuis ma console. Je n'enclencherais que les phares de
contact... Sécurité oblige! Je ralentis encore notre allure... mille cinq cents
kilomètres-heure!
- Eridan de Milkyway ?
- Cinq Michel, à toi!
- Ok Charles! Soyez attentif dès maintenant... je vais nous découpler d'ici quelques
minutes. Le trafic aérien à la verticale de notre objectif est moyen à dense. Il est
bien clair que nous risquons de nous faire repérer par des pilotes de l'aviation
civile... mais cela m'étonnerais beaucoup qu'à la suite de leurs rappors l'armée se
lance dans une action quelconque... Nous sommes actuellement au-dessus de la ville de Lyon
et nous allons basculer en vitesse subsonique dans une minute... Pas d'objection?
- Négatif! Je suis prêt... Je cloisonne le vaisseau et dégage du Milkyway sur ton
ordre. Je maintiendrais une distance d'un demi-micron sur tes arrières.
- Très bien! Je me poserais en premier et baliserais la zone dans la mesure du
possible... Attention au décrochage... Top!
Le Milkyway semble bondir en avant tandis que l'Eridan reste sur place... coup de frein
l'amenant à quatre cents kilomètres-heure. La pluie glisse sur la carlingue et bat la
mesure... météo exécrable mais camouflage excellent.
- Bob! Genève vient d'apparaître sur la grille micro-métrique de mon scanner, je passe
en vue élargie... As-tu déconnecté tes strobos d'atterrissage?
- Oui! Je t'ai en visuel actuellement mais je me suis décalé légèrement sur ton
inférieur droite... tu dégages trop de turbulences. Tu peux y remédier en énergisant
d'un poil tes écrans.
- Ok, je te remercie! Fais gaffe de ne pas crever le plancher fixé à mille mètres-sol.
Voilà! Verticale de l'objectif... le CERN.
- Major!
- Je vous écoute Lieutenant.
- Nous allons croiser la route d'un trafic terrien en élévation constante!
- Correction de trajectoire immédiate... on dégage... régime au deux-tiers! Je me
glisse sur son nadir... inversion de puissance, photopropulsion coupée!
Ouf! Des gouttes de sueur perlent sur mon front. J'ai frisé la catastrophe... il s'en est
fallu de peu pour que l'avion traverse mon vortex et ne se brise dans mes remous.
J'abaisse le dispositif d'appontage et le verrouille. Je rétablis le moteur, mais au
minimum de puissance. A travers la baie du poste de pilotage, j'entr'aperçois les
lumières de la ville qui s'éclipsent dans des volutes de nuages; je frôle le plafond de
grisaille.
- Col de la Faucille sur bâbord, m'énonce mon adjoint. Nous entamons la descente. Le
vent au sol est faible à deux cent vingt degrés.
- Gyro sur 1,1,4... comme sur des rails! La courbe est parfaite, nous sommes en final.
Inversion de puissance et je coupe.
- Propulsion coupée, répète en sourdine Louis Verrat. Initialisation de cible en
cours... acquisition! Témoin d'approche coupé, je change la grille...
- Visuel, visuel s'il-vous-plaît Lieutenant! Merci... Attention accrochez-vous, nous
allons casser du bois! Contact... Top!
Dans un vacarme étourdissant de tôles torturées, nous touchons la cime des arbres. Sous
la conjugaison de la masse de l'astronef et de l'énergie cinétique résultante, les
arbres ploient et se cassent dans un bruit sec. L'étrave de mon vaisseau ouvre une large
tranchée dans la forêt jurassienne. L'atterrissage nous a passablement secoué; je coupe
l'alimentation générale et rétablis les circuits de maintenance.
- Lieutenant, établissez une liste des dommages dans les plus brefs délais.
Je me retourne face au vidéocom. Je m'extirpe de mon harnais et appel mes amis.
- Nous sommes à destination les gars. Tout va bien... j'enclenche le traceur, il n'y aura
plus qu'à s'aligner dessus... la place est libre.
- Merci Michel! La syntonisation est claire et nette. A tout-de-suite!
Debout devant l'ouverture béante de la soute, nous en
profitons pour respirer un air pur, non traité. L'odeur de la terre humide et les
diverses senteurs émises par les végétaux de la forêt viennent titiller nos papilles
olfactives.
Sous la lumière discrète de la rampe d'accès, nous esquissons quelques exercices
d'assouplissement. Il ne pleut pratiquement plus et le voile se déchire sur le ciel
étoilé.
- Quelle chance! s'exclame le capitaine Fallow. Pour un peu, nous nous posions en pleine
lumière lunaire.
- Effectivement... rétorquai-je en jetant un coup d'oeil circonspect aux alentours. Il
nous faudra organiser les tours de garde et patienter jusqu'au matin pour relever les
dégâts aux croiseurs.
- Je prends le premier quart, lance Charles depuis l'arrière d'un arbre. Mais avant tout,
j'ai un petit creux. Les émotions... à mon âge...
Un éclat de rire générale souligne ces derniers mots. Le buzzer du vidéocom de la
passerelle de coupée sonne avec insistance; je quittance l'appel.
- Major, nous avons de la visite... une unité en mouvement dans notre direction, droit
devant.
- Un humain?
- Apparemment. Je n'ai pas relevé d'arme thermique ou laser. Il est arrivé à bord d'une
unité de transport... selon l'écran infra-rouge, un autre être siège dans le
véhicule.
- Merci! Attention les gars, nous ne sommes plus seuls... Bob! Ta torche-laser, vite!
D'un geste précis l'intéressé braque le faisceau élargi en direction de la cible
tandis que Charles dégaine prestement son phaser. Surgit de l'ombre, un homme avance, le
bras droite levé, la paume dirigée vers nous, en signe évident de paix; de son autre
bras il se protège les yeux, aveuglé par l'éclat du laser.
- Bienvenue Terrien! Que la paix soit sur toi!
- Vous... vous parlez le français?
Nous nous regardons, interloqués.
- Ben oui! répondai-je.
- Je me présente, Thorn Roginski. C'est le bruit de vos moteurs qui a attiré mon
attention. En effet, il couvrait largement celui de la pluie. De plus, j'ai eu une panne
temporaire d'alimentation; certainement due à un champ de force provenant de vos
vaisseaux.
- Bonne déduction monsieur Roginski. Vous êtes bien téméraire me semble-t-il... Venir
seul à la rencontre d'étrangers... tss tss, c'est un jeu très dangereux.
- Je ne pense pas risquer grand chose. La curiosité scientifique m'a toujours excité les
méninges. Ne pourriez-vous pas arrêtez de me braquer cette lampe dans les yeux
s'il-vous-plaît? Merci... D'où venez-vous?
- Nous n'avons pas à vous répondre dans l'immédiat. C'est VOUS qui allez répondre à
nos questions. Etiez-vous seul dans le véhicule que vous conduisiez?
- N... Non! Ma femme... Je suis en compagnie de ma femme pourquoi?
- Bob, tu prends un homme et tu vas chercher cette personne.
- Compris Michel... euh, en douceur naturellement?
- Naturellement. Monsieur Roginski, n'ayez crainte pour votre épouse, elle sera traitée
avec tous les égards. Vous avez fait allusion tout-à-l'heure d'un champ de force... que
savez-vous de ceux-ci? En avez-vous expérimenté personnellement?
- En octobre 1943, la marine américaine a testé un hyperchamp d'énergie dérivée sur
l'Eldridge, un escorteur... ce fut la catastrophe la plus complète. La téléportation a
réussi mais à quel prix! Un lourd tribu en vie humaine a été payé dans cette
expérience... mais je n'ai jamais rien tenté de pareil dans mon laboratoire.
Un éclat de voix provenant du sous-bois parvient à nos oreilles.
- Lâchez-moi bande de goujats! lance une voix de femme. Ne me touchez pas!
- Susan! Par ici... n'aie pas peur!
- Nom de dieu! Explique-moi Thorn je te prie ou je pars dans les pommes... pince-moi! Je
rêve?
- Pas le moindre du monde mon chou. J'espère qu'ils ne t'ont pas molesté?
- Très bien, repris-je d'une voix ferme. Vu que tout le monde est présent, je vous
propose de passer à l'intérieur; nous serons plus à l'aise pour discuter.
Mon compagnon passe devant moi en se tenant la joue.
- Que t'est-il arrivé?
- Elle m'a griffé la diablesse! ronchonne-t-il en s'engouffrant dans le croiseur. Je vais
me soigner... Je reviens de suite.
Je dirige nos "invités" vers le poste de
pilotage. A deux reprises, je dois rattraper le Terrien qui s'éternise dans les couloirs.
Il n'est pas apeuré et semble d'un niveau au-dessus de la moyenne. En revanche, sa femme
est plus agitée.
- Madame, Monsieur... Bienvenue dans le Milkyway, croiseur de guerre fédéré appartenant
à la Force d'Intervention Galactique, membre de la Fédération Galactique. Voici le
capitaine Tisons, commandant du croiseur l'Eridan; le lieutenant Verrat et l'astro
Contis... seuls survivants de notre équipage. Prenez place je vous prie!
- C'est incroyable... murmure l'homme ébahi devant les consoles de navigation. Quel est
votre but sur Terre?
- Notre passage sur cette planète n'est que fonctionnel. Nous avons subi de sérieuses
avaries; les structures de nos cosmonefs ont souffert et l'état de notre électronique de
bord est critique. Nous souhaitons réparer dans les plus brefs délais afin de quitter
cette zone et poursuivre notre mission. Pour ce faire, nous souhaitons la collaboration
d'hommes de votre race... mais pas des militaires. Ce n'est pas un pur hasard si nous
avons atterri dans cette contrée... le CERN est notre cible.
- Excusez-moi, mais croyez-vous à la destinée?
- Dans un certain sens... Pourquoi?
- Il se trouve que je suis rattaché au CERN dans le cadre d'un projet nommé L3.
Par l'espace! Je crois que je l'aurais embrassé ce Terrien... Je n'ai jamais eu de chance
au jeu, mais là! C'est inespéré...
Tout au long de la nuit nous avons sympathisé avec
nos nouveaux amis. Bob s'est attelé à nous mitonner un repas avec les recettes du bord,
tandis que les bouteilles de lykme se sont alignées dans le mess au fur et à mesure que
le temps s'est écoulé.
Une certaine complicité s'est désormais installée entre ce physicien franc et directe
et notre équipe. Thorn Roginski n'a pas lésiné sur les moyens; il a mis à notre
disposition un appartement dans sa villa ainsi qu'une partie du sous-sol pour
l'installation de notre translateur. Il nous a promis des cours de conduite automobile,
dont le principe de base ne diffère guère de nos engins de surface. Quant aux règles de
circulation, notre passage sous mnémo-activateurs nous les a inculquées dans le cadre
des informations de culture générale. Pour ce qui est de la télécommande du
translateur et des cartes NAVCOM, Thorn s'est proposé de les emmener dans son laboratoire
du CERN. Reste le problème suivant: de multiples bancs d'essais doivent être loués...
certains pour des sommes mirobolantes; la technique d'analyse de pointe coûte très
chère! Néanmoins, le Terrien nous a de suite rassuré, argent qu'il prendrait langue
auprès d'une banque avec laquelle il réalise ses transactions monétaires.
Tard dans la nuit, nous nous sommes quittés joyeux et repus.
Dardant ses rayons dans le poste de pilotage, l'astre
du jour fait son apparition. Les oiseaux entament leur hymne matinal et s'est non sans
difficulté que je me lève... les idées un peu troubles. Réunis dans le mess pour une
légère collation, nous n'échangeons que peu de mots.
Thorn doit passer en fin de matinée afin de charger du matériel dans son véhicule à
traction intégrale, une Toyota Land cruiser spécialement renforcée et portant des
plaques diplomatiques... un avantage indéniable en ville de Genève.
- J'ai observé ton apponteur tribord, il est dans un
sale état, m'explique Charles Tisons. J'ai détaché Contis toute la journée pour le
déblaiement du site.
- Merci Charles... as-tu des dégâts?
- Aucun! Par chance, tu m'as ouvert la voie et l'Eridan s'est posé en douceur...
- Salut les amis!
Thorn Roginski jaillit des fourrés du sous-bois, sourire aux lèvres, et la main
tendue... que nous nous empressons de serrer.
- Salut Thorn, lance Bob. Tu as bien récupéré de cette folle nuit?
- Ouais! Pas complètement... J'avais de la peine à croire à mon histoire, mais Susan
était là pour corroborer le tout. Bon! Trêve de bavardage, où est le matériel?
- Dans la soute, fis-je en pointant l'emplacement concerné du doigt. Il me semble qu'un
voyage sera suffisant... le matériel est compact.
Dans la voiture du Terrien, nous avons entassé le translateur et le matériel défectueux
qu'il devra analyser au CERN. Arrivé à son domicile, nous avons déchargé et installé
nos appareils sous l'oeil inquiet de sa femme. L'après-midi étant bien entamée, nos
hôtes nous ont invités dans un restaurant classe du centre-ville; nous avons passé
notre première nuit sur Terre hors de nos vaisseaux, dans les lits moelleux de la
somptueuse villa du couple.
Durant près de quinze jours, Susan nous a servi de guide au travers de la cité de Calvin
pendant que son mari s'acharnait sur nos cartes, accomplissant un véritable travail de
géant. A bord, les réparations avancent avec lenteur. Les blocs de propulsion ont été
remis en état... enfin, au niveau du blindage et des circuits primaires!
Nous arrivons à cours de devises car nos dépenses pour les analyses et les tests en
laboratoire sont plus longs que prévu. Qui plus est, vu la discrétion qui entoure ces
opérations, nous nous voyons obliger de travailler de façon hermétique. Ce matin, je me
suis translaté au Milkyway afin de prélever quelques lingots d'or pour que nous
puissions les monnayer.
Web designer Michel LORRAIN pour GalCop
Copyright © 1992-2005 [Galcop].
Tous droits réservés. All rights reserved.