CHAPITRE 15

 

Hélas! Le bonheur est là, mais lui se dérobe...

 

Jules Laforgue

"Les Complaintes"

 

 

DEPART

 

La petite fête organisée par nos hôtes terriens bat son plein. La véranda nous protège des rudesses climatiques de la saison hivernale; la Lune est pleine et brille de mille feux dans un ciel pur et limpide. L'odeur des grillades se propage dans les alentours et une douce musique est diffusée par les colonnes de la chaîne stéréo.
Malgré tous ces artifices, j'ai le vague à l'âme. Hier, durant la journée entière, nous avons effectué quatre transports croiseur-navette-destroyer de pièces de rechange: stabilisateurs cryogéniques pour la photopropulsion, une nouvelle carte NAVCOM, sans omettre les platines du nanordinateur... Le reste du travail sera exécuté dans les baies du Mérignac. La tâche la plus difficile a été de mener à bien ces opérations de remise en état, sans éveiller le moindre soupçon de la population locale. Je sais pertinemment que toute bonne chose à une fin... mais dans ce cas particulier, je veux parler du sentiment que j'éprouve pour Madeleine et qui est réciproque; je ressens comme un malaise. Un verre à la main, je contemple nonchalamment le magnifique paysage du massif du Mont-Blanc, baignant dans la clarté lunaire... de toute beauté! Subrepticement, Madeleine s'est rapprochée...
- "Et de soleils en soleils ils voguèrent sur le flot des limbes de l'Espace, chevauchant leurs fiers destriers; ils conquirent des terres lointaines... leurs bateaux semblaient d'airain rutilant et leurs habits brillaient d'une blancheur immaculée; ils essaimèrent leurs grainent et disparurent comme ils étaient venus, naviguant vers de nouveaux horizons étoilés... Nul ne sait d'où ils vinrent et nul de sait où ils allèrent!"
- Quelle mélancolie... De qui est-ce? me souffla-t-elle dans le creux de l'oreille.
- Samar Khadir! Un poète disparu depuis la nuit des temps et dont de rares élégies ont traversé les siècles... rétorquai-je en l'enlaçant tendrement.
- Pourquoi es-tu si triste mon amour?
- D'ici la fin de la semaine, nous serons arrivés au terme de nos réparations et ce sera le moment de reprendre le cours de notre mission. Nous avons perdu un temps précieux sur Terre; l'ennemi est sur le point de lancer une terrible offensive. Les récentes nouvelles qui me sont parvenues par le biais du destroyer ne guères encourageantes.
La petite s'abandonne dans mes bras, le corps secoué par les spasmes de ses pleurs. Ses larmes roulent sur ces joues telle la rosée du matin sur les feuilles des arbres.
- Je... je ne veux pas te perdre! bégaye-t-elle entre deux sanglots. Je t'aime Michel!
- Ecoute Madeleine... Une fois ce boulot terminé, je reviendrais te rejoindre et je t'emmènerais dans les étoiles où il fait bon rêver. Je te le jure! Maintenant il se fait tard, je te propose que nous rentrions chez toi...
- Hum! Hum! Désolé de vous interrompre mais je tenais à te prévenir que tout l'équipage, Bob et moi-même prenons congés de nos hôtes; nous réintégrons les vaisseaux.
- Merci Charles! Je vous retrouve demain matin... euh... ce matin pour le briefing, dans le mess du Milkyway. Ciao!
- Ok salut!

Je me translate au croiseur avec un peu de retard. Un véritable capharnaüm règne dans les lieux; des pans entiers de parois sont mis à nu, laissant apparaître leurs entrailles d'où jaillissent des câbles de lumière cohérente, torches de fils électroniques et autres connexions du nanordinateur. Dans la soute, des caisses éventrées gisent pêle-mêle sur le sol. Un brouhaha provenant du mess capte mon attention...
- C'est quoi se foutoir! tonnai-je en direction du capitaine de l'Eridan.
- Ah... Salut Michel! commence Charles. Y a un léger problème avec le convecteur de masse. Il n'a pas résisté au démarrage de la séquence d'initialisation...
- Ouais! Je ne vois pas où réside la difficulté... On le change, un point c'est tout!
- Rupture de stock! poursuit Bob.
- Hé bien on s'en passera! Terminé! Je n'ai pas envie de moisir ici... Je ne sais pas si vous avez lu le bulletin matinal fédéré, mais il n'y a pas de quoi pavoiser! Autre chose?
- Négatif! Indépendamment de cette panne, nous serons prêts bien avant le délai imparti.
- C'est-à-dire...
- A la tombée de la nuit! m'annonce le capitaine Tisons en me donnant une grande tape sur l'épaule. Le lieutenant Verrat a travaillé d'arrache-pied.
- Parfait! Bel exploit Lieutenant, j'en ferais part dans le rapport de synthèse et je vous proposerais pour un avancement. Ceci dit, reste à remettre en ordre la soute pour que le service d'inspection et de décontamination ne râle pas lors de notre appontage dans le destroyer. Pendant que j'y pense, Bob, tu t'occupes de contacter Thorn, Susan et... Madeleine. Qu'ils viennent nous retrouver peu avant le départ; je ne supporte pas les effusions.
- J'y vais de ce pas, me répond l'intéressé en franchissant le seuil de la pièce.
- Merci Messieurs... Charles tu réintègres l'Eridan et tu entames la procédure de décollage.
- Compris!
- Dès maintenant, nous sommes à nouveau opérationnel et dans la course! Je m'occupe de mon côté de la mise en route du Milkyway.

Un vent froid et humide souffle dans la tranchée artificielle créée par le crash de nos croiseurs; la Lune joue à cache-cache avec de sombres nuages gorgés de pluie venant du sud et présageant une météo des plus mauvaise.
L'éclairage de la soute illumine le paysage, baignant d'une lumière laiteuse notre petit groupe réuni pour un ultime au revoir. L'instant est grave et la tristesse a gagné nos coeurs...
- C'est au nom de tous que je prends la parole pour notre dernière rencontre, commençai-je la voix éraillée par l'émotion. Il n'y a pas de mots clairement établis pour vous témoigner notre estime, notre amitié, notre amour. Pendant ce bref séjour parmi vous, nous avons découvert que la fraternité n'a pas de frontière et que l'amitié n'est un vain mot dénué de tout sens. Merci! Merci pour votre aide si précieuse; indirectement vous avez contribué à la bonne marche de la Pax Galactica et à la préservation de l'immunité de votre planète... la Terre! Grâce à votre collaboration spontanée, nous pouvons poursuivre notre mission qui devient, jour après jour, vitale pour la sauvegarde de la Liberté. La Fédération Galactique a besoin de maintenir son expansion dans l'univers et gageons que la Terre rejoigne dans les siècles à venir notre grande famille.... Voilà! Je n'ai rien d'autre à ajouter...
- Merci Michel... Un grand merci à vous tous! Vous nous avez ouvert les yeux sur une réalité différente et sur une amitié que ni l'espace et ni le temps ne saura effacer.
La larme à l'oeil, nous nous étreignons une dernière fois. Madeleine s'est effondrée et Susan la réconforte du mieux qu'elle le peut.
- Il faut vous éloigner car le flux des photopropulseurs risque de vous atteindre. Ce n'est pas un adieu mais un au revoir... Nous reviendrons, c'est juré!
D'un pas traînant, nous remontons la passerelle d'accès de la soute de nos vaisseaux respectifs. Les larges battants de celle-ci se referment et je croise l'ultime regard de Madeleine.
- En route Lieutenant! Nous dégageons, direction l'infini!

Rigoureusement sanglé dans mon siège du poste de navigation, je prends les commandes de la console de navigation.
- Eridan de Milkyway répondez!
- Cinq sur cinq Michel!
- Vérification d'usage, annonçai-je dans le vidéocom. A vous de jouer Lieutenant! Contact DSI...
- Euh Major, il a claqué ce matin avec le conv...
- Ouais! Pff... Stabilisation des gyros sur 4,1,1, le vent est modéré.
- Compris 4,1,1.
Levant le bras au-dessus de ma tête, je pianote sur les divers claviers me surplombant. Face à mon siège, les informations défilent sans cesse sur les écrans de mon scanner.
- Verrouillage des turbos un et trois... attention à la tension de claquage; passez en vue élargie et surimpression gravifique.
- Pouvez-vous me donner les paramètres de distorsion Major?
- Affirmatif... un instant s'il-vous-plaît! Les voici: 3,1,9 en augmentation constante selon les normes. Comment se présente la température des tuyères?
- Stable... la cryogénisation fonctionne à merveille!
- Extra! Systèmes de sécurité engagés, temporisateur d'éjection en fonction.
De multiples voyants lumineux clignotent au gré des circonstances.
- Charles! Sois attentif, nous allongeons le délai!
- Ok Michel! Ca roule...
Le sol de la cabine se met à vibrer sous la mise en phase des photopropulseur. Je constate sur ma vidéo que le défaut de mon convecteur de masse perturbe la bonne marche des surractivateurs.
- Lieutenant, dès que nous quitterons le sol, vous pousserez les boucliers au maximum!
- A vos ordres!
- En avant!
Dans un bruit terrifiant pour nos amis restés à l'extérieur, je lance à fond mes moteurs et arrache la masse imposante du Milkyway de la gravité terrestre.
- Syntonisation équilibrée Major, boucliers au maximum de puissance!
- J'enclenche la poursuite du traceur... Mérignac id GOLF.71225.ALPHA, ici croiseur Milkyway id ALPHA.52818.ALPHA.37 suivi du croiseur Eridan id ALPHA.22458.ALPHA.61, comment me recevez-vous?
- A.52818.A.37 et A.22458.A.61 je vous reçois fort et clair... Bienvenue parmi nous! Ici le major Duvallon, nous sommes en orbite basse... vecteur 7,2,9, transpondeur 1164 pour le couple. Faites diligence car votre présence est requise de toute urgence sur Qutiri. A la minute où vous aurez apponté, nous translaterons pour le système gamma 1&2 de la Flèche.
- Mes respects Major! Nous aborderons la pente d'ici ... dix minutes environ. J'ai pris note du transpondeur 1164... Terminé!

La première personne que nous rencontrons à bord du destroyer se trouve être le lieutenant Savarin. Celui-ci se fige dans un garde-vous impeccable.
- Repos Lieutenant! Comment allez-vous depuis notre intervention? lançai-je en échangeant une vigoureuse poignée de main.
- Ma foi je n'ai pas à me plaindre; mais je ne vous cacherais pas la furie du patron lorsque j'ai apponté avec la navette, pff... les oreilles ont dû vous siffler plus d'une fois ainsi qu'aux capitaines.
- Bah! Je ne fais pas de souci... je connais parfaitement ce genre de gaillard. Cependant j'ai une requête particulière à formuler.
- Allez-y Major, je vous écoute!
- Je souhaite que vous vous occupiez du rapatriement des corps de nos hommes sur Lotan.... Un rapport circonstancié à été établi et envoyé par cryptofréquences.
- Pas de problème, j'y veillerais personnellement.
- Je vous en suis très reconnaissant. D'autre part, y a-t-il eu problème de rentrée avec les pythons accidentés?
- Affirmatif! Le numéro deux s'est présenté de travers et a heurté la bordure de la baie principale... le pilote s'est éjecté mais la chasseur a continué sa course et a explosé sur un terminal; il nous a bloqué l'accès près d'une semaine, le temps de déblayer et de réparer... Ce qui n'a pas manqué d'ajouter du piment aux médisances du Commandant sur votre dos.
- Ce n'est pas grave, j'ai l'habitude. Merci d'avance pour le service... J'espère que nos routes se croiseront à nouveau.
- Ok! Au plaisirs, Major, Messieurs! d'un claquement sec des talons, l'officier rescapé du Terrea prend congé, s'enfonçant dans les méandres du navire.
- Dis donc Michel, me lance Charles, où va-t-on maintenant... parce que moi j'ai faim et soif!
- Un peu de patience! J'ai hâte de faire connaissance avec le Commandant... Nous nous sustenterons plus tard!
- Mmmh!
Arpentant les couloirs du vaisseau, nous débouchons sur la coursive réservée aux officiers supérieurs. Questionné sur la voie à suivre, le planton de garde nous indique une grande porte blindée donnant sur une pièce plongée dans le noir.
- Donnez-vous la peine d'entrer Messieurs! proclame une voix de ténor. Et prenez place!
Sur le fond de la scène se tient l'ombre d'un homme à la stature imposante. Derrière lui, les images d'une projection tridi empiètent sur son physique.
- Alors ces Messieurs de la FIG... J'espère que vous êtes content de vous! Grâce à vos conneries j'ai eu mes pythons bousillés, leurs pilotes envoyés à l'hôpital... à deux doigts du sac cryogénique! Qui plus est l'un des chasseurs s'est envoyé en l'air dans la baie principale...
- Ce n'est pas de ma faute si vos hommes sont des incapables Major Duvallon!
- Je...
L'intéressé paraît suffoquer et se rabougrir. Je reprends de plus belle.
- Je rappelle à votre bon souvenir que nous bénéficions, dans le cadre de cette mission, d'une priorité ALPHA-UNO. NOUS n'avons pas d'ordre à recevoir de VOUS... L'armée n'a aucun droit sur la FIG et encore moins sur son service action! En cas de litige, j'accepte d'en porter l'entière responsabilité. Est-ce bien clair Commandant?
- Hum... Tout à fait, tout à fait... Veuillez me pardonner; je me suis laissé emporter. Bref! Rentrons dans le vif du sujet si vous le voulez bien! La garnison stationnée sur Qutiri m'a procuré cette projection tridi concernant un transporteur Dragonnien qui se serait abîmé dans les Marches de la FedGal, sur une planète proche du système solaire que nous venons de quitter. Le représentant de la FIG vous remettra personnellement les documents y relatifs.
- Je suis navré des désagréments que cela a pu vous occasionner; je ne suis pas rancunier et mes officiers non plus. Nous passerons donc l'éponge sur cette discussion stérile. Envoyez la séquence!
Sur le documentaire filmé par une barge de reconnaissance, apparaissent les débris tout à fait caractéristiques d'un astronef dragonnien. J'ai par ailleurs rarement eu l'avantage d'en observer dans un état de préservation aussi bon après un impact.
Le major René Duvallon nous fait face dans l'auditorium du destroyer. La lumière refait son apparition, nous obligeant à cligner des yeux. Le commandant du Mérignac me tend le notepad contenant les précieuses données et je tends le bras pour le saisir.
- Je vous ai transmis toutes les données relatives à cette opération qui sont en ma possession.
- Merci Major! fis-je imperturbable. La situation est claire. Nous gagnons nos quartiers jusqu'à notre résurgence dans le royaume de la Flèche. Veuillez nous en tenir informés!
Nous prenons congé sur un salut martial. L'officier en reste bouche bée. Une fois sorti, nous rallions le secteur des dortoirs mis à notre disposition. Devant la porte de ma cabine Bob m'apostrophe.
- Tu n'a pas mâché tes mots avec ce vieux débris!
- Je hais ce genre d'homme qui, par une jalousie maladive, méprise celui qui jouit d'un poste privilégié. Vive l'alliance, profèrent nos politiciens! Si cela ne tenait rien qu'à moi, il y a belle lurette que l'armée serait sous le contrôle exclusif de la FIG... Bon! Moi je vous quitte; je vais prendre une douche et dormir un peu... Ciao les gars!

Qutiri: quatrième et avant dernière planète du système double gamma 1&2 de la constellation de la Flèche... garnison limitrophe des Marches et distante de 36,6 années-lumière de la Terre!
C'est dans la petite bourgade d'Algernerst qu'a été édifiée la forteresse fédérée, poste clef de la FIG. Sur le spatioport militaire, je peux observer le Louhanx et le Gasser appontés à leurs terminaux respectifs; une légère luminescence de la coque et le flash des strobos m'indiquent qu'ils sont en phase d'alerte, parés à appareiller. Nous avons croisé l'Uhmilla à mi-chemin entre Isence et Qutiri, en attente préventive, toutes antennes déployées. Quant à l'Eridan et le Milkyway sont en cales sèches dans les soutes du Mérignac.
Mes acolytes étant retenus à des tâches annexes dans le destroyer, c'est seul que je touche le sol de la planète avec une navette atmosphérique. D'un pas leste, je traverse le tarmac pour me rendre dans le bureau de l'officier responsable de la garnison. Le ciel est limpide et de rares étoiles brillent encore, cédant en douceur leurs places aux astres jumeaux. Une brume matinal et un léger givre règnent sur la place. Un ascogravit portant l'emblème de la FedGal vient à ma rencontre, piloté par un soldat de la FIG.
- Mes respects Major! Veuillez vous asseoir s'il-vous-plaît! Je vous conduis auprès du chef d'unité remplaçant, car le colonel Darbellay participe au manoeuvre de campagne.
Sans mot dire, je prends place et me laisse véhiculer jusqu'à destination.
Sillonnant une large avenue bordée d'arbres exotiques, sont franchissons le portail d'une propriété privée.
- La résidence du lieutenant-colonel Molay, m'explique mon chauffeur.
L'immeuble vers lequel nous nous dirigeons fait partie d'un vaste domaine ceinturé de hauts remparts. Un discret service de sécurité patrouille dans les jardins en fleur. Nous stoppons au pied des escaliers de l'entrée principale où un officier, au teint bleuté et à la poitrine bardée de médailles, s'empresse de m'ouvrir la portière.
- Bienvenue sur Qutiri, major Lorrain! me lance-t-il avec un accent rocailleux dont j'ignore l'origine. Vous êtes venu... seul?
- Affirmatif! Les capitaines Tisons et Fallow ont été retenus à bord... l'inspection des services si vous voyez ce que je sous-entends!
- Tout à fait cher ami! Je me présente: lieutenant-colonel Cornélius Molay. Je suis le remplaçant du commandant de cette base. Suivez-moi je vous prie et venons-en droits aux faits!
La halle d'entrée de cette demeure est gigantesque. Les fresques aux plafonds ont allègrement enjambé les siècles sans les subir. Les tableaux, quant à eux, sont magnifiques...
- Quelques souvenirs de famille... déclare mon hôte. Par ici s'il-vous-plaît! Asseyez-vous confortablement et écoutez!
De grande fenêtres laissent entrer la lumière des soleils levant, inondant la pièce servant de bureau à Cornélius Molay.
- Maintenant que j'ai isolé le coin, parlons franchement. Un verre de tolual?
- Non merci!
- Je suis au courant de votre altercation avec le vieux Duvallon... et je m'en fous complètement! Tenez! Attrapez ce notepad! Celui-ci contient des informations stratégiques et confidentielles sur l'accident survenu à un transporteur dragonnien dans le comté anarchique et sécessionniste de Tau Kalb, plus exactement sur Tibioniz-la-rouge. Je ne vous cache pas que c'est la première fois dans toute l'histoire de la guerre, qu'un astronef dragonnien s'abîme SANS s'autodétruire... Un cas unique dans les annales.
- En effet, répondis-je, nous avons eu la projection de l'équipe de repérage à bord du Mérignac... mais nos vaisseaux ne sont pas disponibles sur-le-champ pour cette mission!
- Pas de problème! Votre copain, le patron du Mérignac, va vous véhiculer jusque dans ce système. Je détiens l'information suivante: à bord de ce navire, les dragonniens ont installé un appareil similaire à nos transpondeurs; munis de ce transcodeur, vu qu'il s'appelle comme ça, vous serez capable de percer les lignes ennemies sans être inquiétés! De source sûr, nous savons que la caste des Grands Prêtres, sévissant dans la cité de Dar-es-Snahh, est en possession du transcodeur.
- Quand est-il du point de vue diplomatique? m'enquiai-je.
- Tsst... le coin est pourri; ce sont des fanatiques religieux vivant en marge de la société galactique. Nous ne maintenons que des rapports de bon voisinage; épisodiquement nous envoyons une ou deux patrouilles de surveillance... pour la forme. Voilà! C'est tout ce dont je souhaitais vous entretenir. Avez-vous des questions Major?
- Ma foi... Non! A priori je ne vois pas. Je m'en vais de ce pas réintégrer le destroyer et transmettre les instructions au commandant Duvallon.
L'officier me raccompagne jusqu'à l'ascogravit où je prends congé de lui. Le chemin en sens inverse me paraît plus court et mes pensées sont absorbées par cet apport de renseignements.
Faisant fi des règles élémentaires d'astronavigation au sol, je pousse à fond les moteurs de mon module et m'élance dans le ciel ensoleillé qutirien. Le traceur du destroyer s'est mis à clignoter sur l'écran et je passe sur automatique. Ce transcodeur est une manne céleste, un pilier de la réussite de notre mission. Si toutefois nous héritons de cet instrument, le problème inhérent à l'approche du comté d'Orkasis est définitivement éradiqué! Je vais en référer à mes camarades et nous translaterons dès que possible dans les parages de Tibioniz-la-rouge.

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